Il ne me revient pas de gracier Saddam s'il est condamné à mort (Talabani)

LE CAIRE, 10 avr (AFP) - 9h49 - Le nouveau président de la République irakienne Jalal Talabani a déclaré qu'il ne lui revenait pas personnellement de gracier le dictateur irakien déchu Saddam Hussein si celui-ci est condamné à mort.

La question d'une éventuelle grâce est du ressort du Conseil présidentiel et je ne peux pas prendre de décision individuelle à ce sujet, a déclaré M. Talabani dans un entretien publié dimanche dans le quotidien arabe Asharq Al-Awsat.

"Je fais partie des avocats ayant signé l'appel international contre la peine de mort dans le monde et ce sera un problème (de conscience) pour moi si des tribunaux irakiens prononcent des condamnations à mort" contre les anciens dirigeants du régime irakien, a cependant souligné M. Talabani.

Le président irakien a par ailleurs souligné qu'il allait s'atteler en priorité à résoudre les problèmes intérieurs irakiens, mais qu'il souhaitait redonner à l'Irak un "rôle arabe et international".

"Je milite pour l'alliance des Kurdes et des Arabes depuis cinquante ans, au cours desquels j'ai déployé de grands efforts pour établir de bonne relations avec les dirigeants du monde occidental et du monde arabe", affirme cet homme de 71 ans qui a combattu pendant l'essentiel de sa vie le régime central de Bagdad et a représenté les intérêts kurdes à l'étranger, notamment dans le monde arabe.

"J'ai l'honneur d'avoir d'excellentes relations avec l'Arabie saoudite, comme j'ai eu d'excellentes relations avec (l'ancien président égyptien) Gamal Abdel Nasser, (l'ancien président syrien) Hafez el-Assad, le (défunt) roi Hussein (de Jordanie) et le (dirigeant libyen) le colonel Mouammar Kadhafi et les (dirigeants) du Koweit", a-t-il ajouté.

"Nous tenons à redonner à l'Irak un rôle arabe et international effectif, d'autant plus que l'Irak est membre fondateur de la Ligue arabe", a encore dit M. Talabani.

"L'Irak jouera son rôle arabe effectif en consolidant la solidarité et la sécurité arabes et en participant avec les frères arabes à la solution des questions fondamentales comme la question palestinienne", a-t-il souligné.

"Le peuple irakien a toujours soutenu le peuple palestinien et son droit à l'établissement d'un Etat indépendant sur la terre de Palestine dans le cadre de la légitimité internationale", a-t-il dit.

M. Talabani est devenu cette semaine le premier président kurde de l'Irak moderne. Il est l'un des trois membres du Conseil présidentiel qui regroupe les deux vice-présidents élus en même temps que lui: le chiite Adel Abdel Mahdi et le sunnite Ghazi al-Yaouar.