Ibrahim Al-Jaafari pourrait diriger le prochain gouvernement irakien

Info - [LEMONDE.FR - 12 février 2006]
 
L'actuel premier ministre irakien, Ibrahim Al-Jaafari, a été choisi, dimanche 12 février, comme candidat à sa propre succession par les chiites conservateurs, vainqueurs des législatives de décembre. Selon un dirigeant de l'Alliance unifiée irakienne (AUI), Sami Askari, il a obtenu 64 bulletins contre 63 à son adversaire, l'actuel vice-président Adel Abdel Mahdi.
Selon la Constitution, le Parlement doit se réunir dans deux semaines et choisir le nouveau Conseil présidentiel composé du chef de l'Etat et de deux vice-présidents. Cette instance doit alors formellement désigner le premier ministre au sein du groupe parlementaire qui a obtenu le plus de sièges.

Une fois nommé, le nouveau premier ministre dispose d'un délai d'un mois pour former son gouvernement, qui doit obtenir la confiance du Parlement à la majorité absolue. L'AUI a remporté les élections législatives de décembre avec 128 sièges sur 275, sans toutefois obtenir la majorité absolue. Le groupe rassemblant les députés proches de l'ancien premier ministre Iyad Allaoui et les parlementaires sunnites détiennent 80 sièges et l'Alliance kurde 53. Mais Ibrahim Al-Jaafari semble assuré d'obtenir la confiance.

UN CHIITE CONSERVATEUR

Il est le chef du plus ancien parti chiite irakien, Dawa, mouvement ultra-conservateur fondé à la fin des années 1950 par Mohammed Baker Al-Sadr, cousin du père du dirigeant radical Moktada Al-Sadr.

Né dans la ville sainte chiite de Kerbala, au sud de Bagdad, il a fait ses études de médecine à Mossoul avant de rejoindre le parti Dawa en 1966. Ce mouvement a été largement opprimé par Saddam Hussein et a gagné ses galons auprès de la population dans la lutte armée contre le dictateur. Il se réfugie en 1980 en Iran, avant de s'installer à Londres en 1989.

Il est très religieux : il ne boit ni ne fume, ne joue pas aux cartes et ne va pas au cinéma. C'est un partisan de l'application de la charia notamment en matière de mariage, de divorce et d'héritage.

Perçu généralement comme un proche de l'Iran, il tente de se présenter comme le réprésentant de tous les Irakiens, est favorable à un gouvernement d'unité nationale et ne cesse de répéter que les "chiites et les sunnites sont complémentaires" en Irak. Ses rapports avec les Kurdes, alliés de son gouvernement, n'ont pas toujours été faciles. Il a été publiquement accusé par le président Jalal Talabani d'accaparer tous les pouvoirs, après l'offensive contre des rebelles à Tall Afar (nord-ouest), en septembre au cours de laquelle il avait endossé les habits de commandant en chef des forces armées.

Avec AFP