En proie à des troubles à ses frontières, l’Iran accuse l’Occident de soutenir les rebelles


Premier mars 2007 | Beyrouth

Téhéran menace de pourchasser les Kurdes jusqu’en Irak

Le commandant des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime islamique d’Iran, a menacé hier d’attaquer les rebelles kurdes iraniens en Irak si le gouvernement irakien ne les expulse pas des zones frontalières, alors que l’Iran accuse les États-Unis et la Grande-Bretagne de fomenter des troubles dans les régions frontalières pour affaiblir le pouvoir central.

«Si le gouvernement irakien n’expulse pas les rebelles armés iraniens liés aux étrangers de la zone (frontalière Irak-Iran), les Gardiens de la révolution se réservent le droit de les pourchasser au-delà des frontières » de l’Iran, a averti le général Yahya Rahim Safavi, cité par l’agence iranienne Mehr. Depuis vendredi dernier, de violents affrontements opposent l’armée et les Gardiens de la révolution aux rebelles kurdes du Pejak, un parti séparatiste kurde iranien proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes de Turquie), qui ont fait plus d’une quarantaine de morts dans le nord-ouest de l’Iran, non loin de la frontière avec la Turquie et l’Irak. Les membres du Pejak s’infiltrent en Iran depuis les frontières irakienne et turque. « Plus de trente rebelles ont été tués », a déclaré le général Yahya Rahim Safavi, commandant des Gardiens de la révolution, cité par l’agence IRNA.

Guet-apens à la frontière pakistanaise
Par ailleurs, deux policiers iraniens ont été tués et quatre pris en otages à la frontière pakistanaise mardi soir, à la suite d’un guet-apens tendu par des rebelles, a annoncé le chef de la police Esmaïl Ahmadi-Mogadam, cité hier par les médias officiels. « Les rebelles qui circulaient à bord de deux voitures se sont enfuis après l’affrontement vers le Pakistan », a-t-il ajouté. Il a dénoncé le « manque de coopération du Pakistan pour lutter contre les rebelles » le qualifiant de « position inacceptable ». L’agence Mehr avait rapporté un peu plus tôt qu’un groupe « terroriste » avait tenté de s’infiltrer en Iran mardi matin depuis le Pakistan, mais avait été repoussé. « Les actions terroristes sont coordonnées de l’autre côté de nos frontières orientales et nous sommes vulnérables », a déclaré le ministre iranien de l’Intérieur, Mostapha Pour-Mohammadi, qui a ajouté que l’Iran allait tripler d’ici à deux ans le nombre de ses gardes-frontières qui atteindront les 40 000 hommes.

Les autorités de Téhéran accusent les États-Unis, la Grande-Bretagne et Israël d’aider les rebelles dans les provinces frontalières où il y a de fortes minorités ethniques et religieuses, notamment au Khouzistan (à la frontière de l’Irak) où il y a une minorité arabe sunnite, et au Sistan-Balouchistan, à la frontière du Pakistan, qui compte aussi une minorité sunnite. « Les États-Unis et les sionistes dépensent des millions de dollars pour créer des chaînes de télévision, acheter des armes et des munitions pour ces groupes contre-révolutionnaires afin de créer l’insécurité en Iran », a affirmé le général Safavi. Cette menace a été lancée alors qu’à l’autre bout du pays, au Sistan-Balouchistan, frontalière avec le Pakistan, quatre policiers ont été tués et un autre blessé lors d’une embuscade tendue par des rebelles, a déclaré le ministre de l’Intérieur, Mostapha Pour-Mohammadi. « Les rebelles qui circulaient à bord de deux voitures se sont enfuis après l’affrontement vers le Pakistan », a déclaré le chef de la police Esmaïl Ahmadi-Mogadam, cité hier par les médias officiels. Il a dénoncé le « manque de coopération du Pakistan pour lutter contre les rebelles » le qualifiant de « position inacceptable ».

Quatorze militaires iraniens sont morts vendredi dans le crash de leur hélicoptère lors des opérations menées contre les rebelles. Le 14 février dernier, une voiture piégée avait explosé au passage d’un bus transportant des membres du corps d’élite des Gardiens de la révolution, faisant onze morts et 31 blessés dans la ville de Zahedan, chef-lieu de la province de Sistan-Balouchistan. L’Iran a accusé le groupe extrémiste sunnite, Joundallah, proche d’el-Qaëda, d’être à l’origine de cette attaque. « Pour nous donner des coups et compenser leurs échecs (dans la région), les États-Unis veulent faire croire qu’il y a l’insécurité en Iran et pour cela ils se sont fixé comme objectif de créer une vague d’insécurité dans le pays », a déclaré le préfet de Zahedan, Hassan Ali Nouri, cité par l’agence ISNA. « Ils ont choisi pour cela les provinces où il y a une pluralité ethnique et religieuse », a-t-il ajouté. Il a affirmé que « les menaces contre le gouvernement (du président Mahmoud Ahmadinejad) ont changé de nature parce qu’il refuse de céder à propos du programme nucléaire iranien et que nous défions l’existence d’Israël ».