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Erdogan exhorte au calme dans une bourgade kurde après des violences


Lundi 21 novembre 2005 à 11h14

ANKARA, 21 nov 2005 (AFP) — Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s'est rendu lundi matin à Semdinli, bourgade de l'extrême sud-est du pays peuplé majoritairement de Kurdes, et a exhorté la population locale au calme après de récents incidents meurtriers.

La visite de M. Erdogan accompagné de ses ministres de l'Intérieur et de la Justice n'avait pas été annoncée d'avance.

Il s'est rendu dimanche soir dans la province voisine de Van (est) et s'est rendu dans la matinée à Semdinli, localité d'environ 15.000 habitants située aux confins de la Turquie, à la frontière avec l'Irak et l'Iran, d'où ils est passé dans la bourgade proche de Yüksekova, ont rapporté les chaînes de télévision.

"J'appelle mes concitoyens à agir avec modération. Nous ne pouvons rien gagner avec la haine et la violence", a dit M. Erdogan lors d'un discours prononcé sur une place devant plusieurs centaines d'habitants de Semdinli, retransmis en direct à la télévision.

Cinq (bien cinq) personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées dans le sud-est et à Mersin (sud) lors de violents incidents ces derniers jours entre manifestants et police.

Ces incidents ont été déclenchés par un attentat à la bombe qui a visé le 9 novembre dernier une librairie de Semdinli, propriété d'un ancien rebelle kurde du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan - interdit) en lutte contre le gouvernement turc.

M. Erdogan a réaffirmé que son gouvernement était déterminé à élucider cet attentat. "Nous allons poursuivre cette affaire jusqu'au bout (...) toute la lumière sera faite", a-t-il notamment promis lors de sa visite entourée d'importantes mesures de sécurité.

Les élus locaux ont avancé la thèse d'une implication de membres de forces de sécurité dans l'affaire qui a provoqué une forte tension dans la zone.

Un individu placé en garde à vue après avoir échappé à un lynchage par la foule, qui le soupçonnait d'avoir posé la bombe, était un agent de renseignement de la gendarmerie, a indiqué le procureur de Semdinli, Harun Ayik.

Deux sous-officiers de gendarmerie suspectés de participation à l'attentat ont également été interrogés par la police, selon le procureur.

Par ailleurs, dans un incident séparé lundi, un engin déposé sous la voiture d'un sous-officier a explosé à Derik (est), sans faire de blessé mais provoquant des dégâts matériels, a rapporté l'agence Anatolie.

L'attentat a été attribué au PKK par les autorités locales.

Depuis l'attentat de Semdinli, les forces de l'ordre ont lancé des opérations de répression des manifestations qui ont causé un vif émoi dans le sud-est anatolien.

Ces violences soulignent la montée des tensions dans le sud-est défavorisé après une période de calme relatif consécutive à l'annonce par le PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara, l'Union européenne et les Etats-Unis, d'un cessez-le-feu unilatéral, maintenu de 1999 à 2004.

Plus de 37.000 personnes ont été tuées dans les violences depuis le déclenchement de la lutte armée du PKK en 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.