Des experts internationaux vont vérifier les résultats des législatives en Irak

Info LE MONDE [30 décembre 2005]
Une Mission internationale pour les élections irakiennes (MIEI), constituée d'experts étrangers dont deux représentants de la Ligue arabe, va vérifier les plaintes concernant les résultats partiels des législatives du 15 décembre donnant la liste de chiites conservateurs gagnante (Alliance irakienne unifiée). Les experts pourraient réévaluer ces résultats.
Depuis les résultats partiels dévoilés par la commission électorale, la majorité des arabes sunnites (réunis sous le Front de la concorde) et des chiites libéraux (Liste nationale irakienne), menés par l'ancien premier ministre, Iyad Allaoui, demandent l'organisation d'un nouveau scrutin, estimant que des fraudes ont entaché les législatives. Accompagnés du Front irakien pour le dialogue national, autre groupe politique sunnite, dirigé par Saleh Motlak, les deux partis sont les principaux animateurs du groupe Maram, qui a multiplié ces derniers jours les manifestations de rue dénonçant des "résultats falsifiés"  et demandant de nouvelles élections.

RÉACTIONS POSITIVES DES CONTESTATAIRES

Ces groupes ont bien accueilli l'annonce de cette mission de vérification. Créée en décembre 2004, la MIEI a déjà observé les élections de janvier et le référendum d'octobre en Irak. Dans son précédent rapport, elle assurait que les législatives de décembre avaient été "globalement conformes aux normes internationales".

"Le Front de la concorde apprécie la réponse de la communauté internationale à sa demande pour trouver une solution juste à ses revendications et une sortie de crise", a souligné le porte-parole de la formation sunnite. Il espère que les observateurs auront "assez de prérogatives pour prendre les décisions nécessaires, ce qui aidera à faire accepter leurs résultats".

De son côté, la liste de Iyad Allaoui s'est dite satisfaite de la démarche et a appelé "toutes les parties à collaborer avec les observateurs et à dévoiler la réalité sans crainte". Elle a souhaité des enquêtes sur les violences qui ont visé ses partisans, telles les "attaques armées contre les permanences du mouvement, les intimidations d'électeurs qui ont empêché certains de voter librement et d'éventuelles manipulations de votes".

Le chef sunnite Saleh Motlak s'est dit satisfait : "C'est une bonne chose, même si la venue de cette mission est tardive et qu'on aurait souhaité sa présence avant et pendant le déroulement du scrutin". Il a regretté les déclarations "hâtives" des Nations unies et de responsables américains, louant le bon déroulement du scrutin.

DÉCISION SALUÉE PAR LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, et le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, ont salué jeudi 29 décembre les efforts de la Commission électorale indépendante irakienne pour vérifier toutes les plaintes. M. Annan s'est félicité de la décision de la MIEI.

Nous sommes prêts à aider en cas de besoin les observateurs [de la mission] qui vont arriver en Irak", a, pour sa part, déclaré l'ambassadeur américain en Irak, Zalmay Khalilzad, soulignant le besoin qu'ont les Irakiens d'avoir confiance dans le processus électoral et la nécessité de former le prochain gouvernement à l'issue d'une opération électorale transparente. De son côté, le représentant de l'ONU, Ashraf Qazi, a exprimé l'espoir de voir la mission aider les hommes politiques à accepter les résultats et "se consacrer à bâtir un Irak prospère et uni".

Mais l'Alliance irakienne unifiée, qui estime que les jeux sont faits, a montré peu d'enthousiasme pour la mission d'observation. "Cela ne sert à rien, parce que les élections se sont déroulées sous l'œil d'observateurs internationaux", a souligné Khodeïr Khozaï, l'un des responsables de la liste, tout en ne s'opposant pas à la mission.

Une acceptation des résultats pourrait hâter la formation d'un gouvernement élargi, à laquelle s'emploie le président kurde Jalal Talabani, qui a reçu à cet effet jeudi le chef de la liste des chiites conservateurs, Abdel Aziz Hakim. Les deux parties, piliers du gouvernement sortant, se sont entendues sur la nécessité d'un gouvernement élargi tout en exigeant que ses composantes trouvent un accord sur un programme clair et condamnent la violence.

Avec AFP