Des attaques du PKK tuent 24 soldats en Turquie

mis à jour le Mercredi 19 octobre 2011 à 08h20

Lefigaro.fr

En réponse, une opération terrestre d'envergure est imminente dans le Kurdistan irakien.

L'assaut de mercredi est le plus meurtrier depuis quasiment deux décennies. Les attaques du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) contre des positions militaires dans la province de Hakkari, le long de la frontière avec l'Irak, ont tué 24 soldats turcs et fait 18 blessés. Selon les premières informations, une centaine de rebelles kurdes a pris d'assaut dans la nuit sept casernes et postes militaires, situés dans cette zone en altitude difficile d'accès, et les combats à l'arme automatique ont duré jusqu'au matin. L'armée turque a annoncé avoir tué quinze rebelles dans la région. Les F16 de l'armée stationnés dans le sud-est du pays ont immédiatement décollé et bombardé les montagnes du Kurdistan irakien où sont installés les camps du PKK.

Selon les autorités turques, des soldats ont franchi la frontière à la poursuite des attaquants qui regagnaient leur base. Des commandos ont également été héliportés à 8 km à l'intérieur de l'Irak. En tout, un demi-millier de militaires serait engagé sur le territoire irakien.

«La vengeance sera terrible»

Ce bilan sanglant a mis Ankara en état d'alerte. Le président de la République, Abdullah Gül, qui revient d'une tournée à la frontière turco-irakienne pour remonter le moral des troupes, a assuré que «la vengeance (serait) terrible». Annulant un déplacement au Kazakhstan, le premier ministre a convoqué plusieurs membres du gouvernement et de l'état-major pour une réunion de crise. Ceux qui soutiennent «les terroristes (…) sentiront le souffle de l'État sur leur nuque», a menacé Recep Tayyip Erdogan à la sortie.

Il n'a cependant pas cédé à une surenchère va-t-en guerre, indiquant qu'une opération terrestre d'envergure dans le Kurdistan irakien était imminente : «Si quiconque échoue à maîtriser sa colère (…), l'organisation terroriste atteindra son but. Nous ne perdrons ni notre calme ni notre patience.» Mardi, le KRG, le gouvernement régional du Kurdistan irakien, a commencé l'évacuation des civils des zones de Kakurk et de Qandil, sous contrôle du PKK. La mesure est perçue comme un signe d'une intervention turque.

Faiblesse du renseignement turc

Au mois d'août, le ministère des Affaires étrangères avait déclaré que des grandes manœuvres au sol pouvaient être «lancées à tout moment». Active depuis 1984, la rébellion autonomiste kurde a repris les armes contre l'État turc à la mi-juin. Ses attaques sont quasi quotidiennes. Mardi, cinq policiers et trois civils ont trouvé la mort lorsqu'une mine télécommandée a explosé, dans le Sud-Est. Depuis août, les bombardements turcs se sont également intensifiés dans les montagnes irakiennes.

«Les dernières attaques, coordonnées et simultanées, montrent une énorme faiblesse de la sécurité et du renseignement turcs, qui ont été incapables de repérer l'infiltration de cent combattants», relève Kadri Gürsel, journaliste au quotidien Milliyet. Pour ce spécialiste du PKK, l'organisation rebelle montre «une attitude jusqu'au-boutiste et pousse la Turquie à s'engager dans une opération terrestre, qui serait très risquée». Le PKK, via l'agence pro-kurde Firat, a revendiqué les attaques aux confins du pays, expliquant qu'il s'agissait d'une réponse aux agressions de l'armée turque contre ses combattants et à la répression visant le mouvement kurde en Turquie. Ces six derniers mois, 4168 militants kurdes ont été arrêtés. Si l'armée turque s'engage massivement dans le Kurdistan, elle sera «frappée encore plus fort», a déclaré Ahmet Deniz, un porte-parole du PKK.