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Zone de sécurité en Syrie, une demande turque depuis 2011


Mardi 27 août 2019 à 16h19

Beyrouth, 27 août 2019 (AFP) — Depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011, la Turquie réclame l'établissement d'une zone de sécurité dans le nord syrien, pour éviter un nouvel afflux de réfugiés et empêcher l'établissement à long terme d'une région autonome kurde à sa frontière.

- Protéger les civils -

Dès novembre 2011, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu affirme que son pays pourrait décider, en coordination avec la communauté internationale, d'imposer une zone tampon à sa frontière en cas d'afflux massif de réfugiés fuyant le conflit.

Ancien allié régional et politique de Damas, Ankara a adopté une position ferme contre son voisin, avec lequel il partage une frontière de 900 kilomètres.

Le Conseil national syrien, principale coalition de l'opposition, avait déjà évoqué l'idée d'une zone tampon ou d'exclusion aérienne pour protéger les civils.

- Contre les Kurdes -

Fin juillet 2012, Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, accuse le régime syrien d'avoir "confié" cinq zones du Nord au Parti de l'union démocratique (PYD), considéré par Ankara comme un groupe "terroriste" car proche du mouvement kurde indépendantiste turc du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Mi-juillet, l'armée syrienne s'était retirée sans combattre de ces régions.

La Turquie redoute que l'établissement d'un "Etat kurde", au sein de la zone autonome kurde créée à la faveur du conflit, galvanise les velléités séparatistes sur son sol.

"Une zone de sécurité, une zone tampon, tout cela fait partie des alternatives que nous avons", dit alors M. Erdogan.

Fin août, la Turquie demande au Conseil de sécurité de l'ONU la création de "camps pour les déplacés à l'intérieur de la Syrie" pour retenir les candidats à l'exil. Cette demande reste sans suite.

- "Nettoyée des terroristes" -

En octobre 2014, Ankara réclame à nouveau "une zone de sécurité, une zone d'exclusion aérienne", invoquant "des raisons humanitaires" mais aussi "le succès de l'opération" contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

En janvier 2017, le nouveau président américain Donald Trump évoque l'idée de telles zones, déjà discutée sous l'administration de Barack Obama.

"Notre objectif, c'est une zone de 4.000 ou 5.000 km2 nettoyée des terroristes", dira le président Erdogan un mois plus tard.

- Accord américano-turc -

Fin 2018, Donald Trump annonce le retrait de la plus grande partie des soldats américains du Nord-Est syrien. L'annonce intervient alors que la Turquie menace la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), branche armée du PYD alliée de Washington contre l'EI.

En janvier 2019, M. Trump appelle à la création d'une "zone de sécurité" en Syrie. La Turquie affirme être en mesure de l'établir seule.

Fin juillet, la Turquie annonce que des responsables militaires américains et turcs ont commencé à plancher sur la mise en place d'une telle zone dans le Nord syrien.

Le 6 août, le président Erdogan menace à nouveau de lancer "très bientôt" une opération contre les YPG.

Le lendemain, Ankara et Washington décident d'établir un "centre d'opérations conjointes" pour coordonner la création d'une "zone de sécurité" dans le nord de la Syrie. L'annonce intervient après trois jours d'intenses négociations entre Ankara et Washington, qui cherche à éviter une nouvelle opération militaire turque contre la milice kurde.

Une délégation américaine arrive le 12 août en Turquie afin de travailler à l'ouverture du centre d'opérations.

- Début du retrait kurde -

Le 23 août, le commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) annonce que les FDS ont détruit certaines de leurs "fortifications militaires" à la frontière.

La milice kurde des YPG affirme le lendemain être prête à coopérer en vue de la "réussite" de la mise en place d'une "zone de sécurité".

Ankara précise que le "centre d'opérations conjointes" turco-américain fonctionne désormais à "pleine capacité".

Le 27 août, les autorités locales kurdes annoncent le début du retrait de leurs forces de positions le long de la frontière avec la Turquie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.