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Zone de sécurité en Syrie, une demande turque depuis 2011


Jeudi 8 août 2019 à 17h25

Beyrouth, 8 août 2019 (AFP) — Depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011, la Turquie réclame l'établissement d'une zone de sécurité dans le Nord syrien, pour éviter un nouvel afflux de réfugiés et empêcher l'émergence d'une région autonome kurde à sa frontière.

Mercredi, Ankara et Washington se sont mis d'accord pour créer à terme une zone tampon dans cette région contrôlée par les Kurdes. Une initiative rejetée par le régime et à laquelle les Kurdes ont réservé un accueil prudent.

- Protéger les civils -

Dès novembre 2011, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu affirme que son pays pourrait décider, en coordination avec la communauté internationale, d'imposer une zone tampon à sa frontière en cas d'afflux massif de réfugiés fuyant le conflit.

Ancien allié régional et politique de Damas, la Turquie a adopté une position ferme contre son voisin, avec lequel elle partage une frontière de 900 kilomètres.

Le Conseil national syrien, principale coalition de l'opposition, avait déjà évoqué l'idée d'une zone tampon ou d'exclusion aérienne pour protéger les civils.

- Contre les Kurdes -

Fin juillet 2012, Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, accuse le régime syrien d'avoir "confié" cinq zones du Nord au Parti de l'union démocratique (PYD), considéré par Ankara comme un groupe "terroriste" car proche du mouvement kurde indépendantiste turc du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Mi-juillet, l'armée syrienne s'était retirée sans combattre de ces régions.

"Une zone de sécurité, une zone tampon, tout cela fait partie des alternatives que nous avons", dit alors M. Erdogan.

Fin août, la Turquie demande au Conseil de sécurité de l'ONU la création de "camps pour les déplacés à l'intérieur de la Syrie" pour retenir les candidats à l'exil. Cette demande reste sans suite.

- "Nettoyée des terroristes" -

En octobre 2014, Ankara réclame à nouveau "une zone de sécurité, une zone d'exclusion aérienne", invoquant "des raisons humanitaires" mais aussi "le succès de l'opération" contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

En janvier 2017, le nouveau président américain Donald Trump évoque l'idée de telles zones, déjà discutées sous l'administration de Barack Obama.

"Notre objectif, c'est une zone de 4.000 ou 5.000 km2 nettoyée des terroristes", dira le président Erdogan un mois plus tard.

- Accord américano-turc -

Fin 2018, Donald Trump annonce le retrait de la plus grande partie des soldats américains du nord-est syrien. L'annonce intervient alors que la Turquie menace la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), branche armée des PYD et alliée de Washington contre l'EI.

En janvier 2019, M. Trump appelle à la création d'une "zone de sécurité" en Syrie. La Turquie affirme être en mesure de l'établir seule.

Fin juillet, la Turquie annonce que des responsables militaires américains et turcs ont commencé à plancher sur la mise en place d'une telle zone dans le nord syrien.

Le 6 août, le président Erdogan menace de nouveau de lancer "très bientôt" une opération contre les YPG.

Le 7, Ankara et Washington s'entendent pour mettre "rapidement" en place "un centre d'opérations conjointes en Turquie pour coordonner et gérer la mise en place de la zone de sécurité".

Aucun détail n'a toutefois été dévoilé sur la profondeur de la zone tampon, les forces qui la contrôleraient ou le calendrier d'application de l'accord.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.