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Washington affirme avoir tué le chef de l'EI pour la Syrie


Mardi 12 juillet 2022 à 19h03

Washington, 12 juil 2022 (AFP) — Les Etats-Unis ont annoncé mardi avoir tué le chef du groupe Etat islamique (EI) en Syrie lors d'une frappe de drone dans le nord-ouest du pays, un nouveau coup porté à l'organisation jihadiste.

Maher al-Agal, présenté comme "l'un des cinq plus hauts dirigeants" de l'EI, a été tué alors qu'il roulait à moto près de la ville de Jandairis et son plus proche conseiller a été "gravement blessé", a précisé le commandement central du Pentagone dans un communiqué.

Maher al-Agal était "chargé de poursuivre de façon incisive le développement des réseaux de l'EI hors d'Irak et de Syrie", et "l'élimination de ces dirigeants de l'EI va perturber les capacités de l'organisation terroriste à préparer et perpétrer des attentats dans le monde", a affirmé le porte-parole du commandement central, le colonel Joe Buccino.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie, a confirmé la mort de Maher al-Agal dans une frappe de drone. Il est présenté par l'OSDH comme "le gouverneur pour le Levant" de l'EI.

Les Forces démocratiques syriennes, alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par Washington, ont pour leur part indiqué qu'une personne avait été tuée et une autre blessée dans une frappe aérienne visant une moto dans la région d'Alep.

Mais selon les FDS, les deux hommes étaient liés à Ahrar al-Charkiya, un groupe armé syrien pro-Ankara. Ce groupe avait été placé en 2021 sur la liste des sanctions américaines, accusé d'exactions contre la population commises par ses combattants lors de l'offensive turque dans le nord de la Syrie deux ans plus tôt, et d'avoir assassiné la militante kurde des droits des femmes Hevrin Khalaf.

Le Haut-commissariat de l'ONU aux droits humains avait dénoncé un potentiel crime de guerre commis par le groupe armé.

Selon les observateurs, Ahrar al-Charkiya a intégré dans ses rangs d'anciens dirigeants de l'EI pour combattre les forces kurdes dans des zones contrôlées par la Turquie et ses alliés en Syrie.

Après une montée en puissance fulgurante en 2014 en Irak et en Syrie, et la conquête de vastes territoires, l'EI a vu son "califat" autoproclamé être renversé sous le coup d'offensives successives dans ces deux pays, respectivement en 2017 et 2019. Depuis, l'organisation a plusieurs fois été déstabilisée par la mort ou la capture de ses dirigeants en Syrie.

Le grand chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi avait été tué lors d'un raid américain en 2019 et son successeur, Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi, a été éliminé en février dans une opération des forces spéciales américaines dans le nord-ouest du pays, région sous contrôle de jihadistes.

En juin, les forces américaines ont capturé un "responsable de premier plan de l'EI" lors d'une opération héliportée dans le nord syrien. Hani Ahmed Al-Kurdi était un ancien chef de l'EI à Raqa, un ex-fief du groupe jihadiste en Syrie, selon la coalition antijihadiste menée par les Etats-Unis.

Défait militairement dans ses anciens fiefs, l'EI "continue à représenter une menace pour les Etats-Unis et leurs alliés dans la région", a toutefois souligné le colonel Buccino.

Damien Ferré, fondateur de Jihad Analytics, spécialisée dans l'analyse du jihad mondial et cyber, a indiqué à l'AFP que la mort de ce dirigeant "ne devrait pas vraiment impacter" le groupe jihadiste.

"A chaque fois qu'un chef de l'EI est tué, il est remplacé dans la foulée", a-t-il rappelé.

Mais "l'EI en Syrie n'est plus que l'ombre d'elle-même", a souligné l'analyste. "Elle est encore capable de mener des attaques contre les forces syriennes et de mener ici ou là des opérations contre les forces kurdes mais cela n'a plus rien à voir avec la période du +califat+."

L'organisation a également étendu son influence dans d'autres régions du monde comme dans la zone du Sahel, au Nigeria, au Yémen ou en Afghanistan, où elle revendique régulièrement des attentats.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.