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Violences en Syrie: neuf civils tués dans de nouvelles frappes contre des zones rebelles


Vendredi 6 octobre 2023 à 22h02

Homs (Syrie), 6 oct 2023 (AFP) — Les bombardements sur les zones rebelles en Syrie se sont poursuivis vendredi soir, causant la mort de neuf civils supplémentaires, en réponse à une attaque de drones la veille contre une cérémonie de promotions d'officiers ayant fait plus d'une centaine de morts.

Dans le nord-est contrôlé par les Kurdes, l'armée turque a également mené de nouveaux raids.

L'attaque contre l'académie militaire de Homs, dans le centre du pays sous contrôle du pouvoir central, est l'une des plus sanglantes contre l'armée depuis le début de la guerre en 2011.

Des dizaines de proches de victimes s'étaient rassemblés tôt vendredi devant l'hôpital militaire de Homs d'où les ambulances transportaient les dépouilles des officiers vers leur dernière demeure.

- Panique -

Des vidéos sur les réseaux sociaux montrent des victimes tombant à terre et des blessés en panique appelant à l'aide pendant l'attaque.

L'attaque a fait 89 morts parmi lesquels 31 femmes et cinq enfants, et 277 blessés, selon les autorités.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a donné un bilan plus lourd de 123 morts incluant 54 civils parmi lesquels 39 enfants, et quelque 150 blessés.

Le ministre de la Défense, Ali Mahmoud Abbas, a assisté aux funérailles d'une trentaine de militaires et civils. Il participait à la cérémonie jeudi mais était parti avant l'attaque, selon un témoin et l'OSDH.

Les autorités ont proclamé trois jours de deuil.

L'attentat n'a pas été revendiqué. Les forces syriennes ont repris en 2017 le contrôle de Homs, ex-bastion des rebelles.

Des groupes jihadistes qui contrôlent une partie du territoire syrien et les combattants du groupe Etat islamique ont parfois recours aux drones pour attaquer les forces syriennes et leur allié russe.

Le président russe, Vladimir Poutine, a assuré dans un message de condoléances à son homologue syrien, Bachar al-Assad, qu'il avait "l'intention de poursuivre (la) coopération étroite avec les partenaires syriens pour lutter contre toute forme (...) de terrorisme".

"M. Assad et d'autres membres de sa famille ont été formés à l'académie de Homs, ce qui signifie que l'attaque +vise de près+ le pouvoir", a déclaré à l'AFP Aron Lund, du centre de réflexion Century International.

- Riposte -

Vendredi soir, l'armée syrienne, qui avait promis de "riposter fermement", a repris les bombardements de représailles contre le dernier bastion rebelle du pays, dans le nord-ouest, faisant au moins 24 morts civils en près de 24h, selon l'OSDH.

Dans la soirée, neuf civils, dont cinq mineurs, ont été tués dans les bombardements au lance-roquettes multiples (LRM) dans la province d'Idleb, a indiqué l'ONG.

Dans un hôpital de la ville éponyme, le personnel semblait dépassé face à l'afflux de blessés, selon un correspondant de l'AFP.

Les rues étaient quasiment désertes, les habitants se terrant chez eux au milieu de rumeurs de nouvelles frappes.

L'aviation russe poursuivait également ses raids sur la région d'Idleb. Plus tôt dans la journée, un enfant a été tué par une frappe russe, selon l'ONG.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exprimé son inquiétude, et l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a appelé jeudi à "une désescalade immédiate".

Déclenché en 2011, le conflit en Syrie a fait plus d'un demi-million de morts et morcelé le pays.

Dans le nord-est où les Kurdes ont établi une administration autonome, la Turquie a mené vendredi, pour la deuxième journée consécutive, une série de raids sur des infrastructures, ciblant les principales centrales à gaz.

Ces nouvelles frappes portent le bilan de deux jours de bombardements à 15 morts, dont huit civils, selon les responsables kurdes, qui avaient donné un premier bilan de 16 morts.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les kurdes, ont répondu vendredi en ciblant deux bases sous contrôle des forces turques et des factions pro-Ankara dans l'ouest de la province de Hassaké.

Un membre des forces spéciales turques, blessé dans une attaque de missile contre une base militaire turque dans le nord de la Syrie, est décédé, ont annoncé vendredi les autorités turques.

La Turquie affirme avoir agi en représailles à un attentat ayant visé dimanche le ministère de l'Intérieur à Ankara, blessant deux policiers.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.