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Une quinzaine d'interpellations en Belgique dans le milieu pro-kurde


Jeudi 4 mars 2010 à 14h41

BRUXELLES, 4 mars 2010 (AFP) — La police belge a lancé jeudi une série de perquisitions dans les milieux kurdes à travers toute la Belgique, procédant à une quinzaine d'interpellations, dans le cadre d'une enquête sur les activités du parti indépendantiste kurde PKK, a-t-on appris de source judiciaire.

Parmi les personnes interpellées figurent deux chefs de file du PKK en Europe, Zubeyir Aydar et Remzi Kartal, anciens membres du Parlement turc, selon une source judiciaire.

En octobre, le ministère américain des Finances avait placé M. Aydar sur une liste de trafiquants de drogue considérés comme "significatifs", en même temps que deux autres dirigeants du PKK. Il estimait qu'ils utilisaient les fonds ainsi récoltés pour aider au financement de leur mouvement.

Des membres du personnel de la chaîne de télévision en langue kurde, Roj TV, font aussi partie des personnes interpellées jeudi en Belgique, dont certains seraient journalistes.

Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis.

La Turquie a exprimé sa satisfaction. "Je voudrais féliciter les autorités belges. Nous apprécions leur détermination et leur sens des responsabilités", a déclaré à la presse le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, rappelant que des opérations similaires ont déjà eu lieu en Italie et en France.

A propos de l'extradition éventuelle de MM. Kartal et Aydar, le chef de la diplomatie turque a répondu qu'Ankara y réfléchirait après la fin de l'opération belge.

Selon la radio publique francophone, la RTBF, 300 policiers ont effectué des descentes dans des villes comme Bruxelles, Anvers, Charleroi, Namur et Verviers. Le siège de Roj TV, à Denderleeuw (Flandre, nord), a également été perquisitionné par les policiers.

Roj TV, créée en 1994 et qui diffuse des programmes notamment d'actualité, culturels ou sportifs, destinés essentiellement aux Kurdes du Kurdistan et de la diaspora, avait dans le passé déjà fait l'objet de perquisitions de la police belge.

Dix-sept personnes, pour la plupart kurdes, avaient été poursuivies en Belgique au milieu des années 1990 suite à des perquisitions pour blanchiment d'argent, faux en écriture, détention illégale d'armes et embauches de clandestins. Mais la justice belge avait finalement considéré en 2007 que les faits étaient prescrits, onze ans après le début de l'instruction.

Le ministère public estimait à l'époque que l'enquête avait mis en évidence des liens entre MED TV (l'ancien nom de Roj TV), la société de production Roj et le PKK. Le dossier portait avant tout sur le financement de la chaîne.

En avril 2008, la section terrorisme de la police fédérale belge avait effectué des perquisitions à Verviers (Wallonie, sud), lors d'une enquête sur les activités du PKK en Belgique.

La nouvelle opération policière en Belgique fait suite à l'inculpation mardi soir à Paris de neuf Kurdes de Turquie pour, selon une source judiciaire française, des faits "en relation avec une entreprise terroriste" dans le cadre d'une enquête ouverte fin 2008 sur le recrutement et l'entraînement de militants par le PKK.

Sept de ces neuf personnes, interpellées lors de perquisitions de la police française vendredi dans le sud de la France, ont été placées en détention provisoire.

Les investigations ont, selon la source judiciaire française, mis en évidence des contacts entre des membres du PKK en France et d'autres en Belgique, en Allemagne et en Italie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.