Jeudi 16 septembre 2010 à 15h26
DIYARBAKIR (Turquie), 16 sept 2010 (AFP) — Dix personnes ont été tuées et trois blessées dans l'explosion d'une mine au passage d'un minibus jeudi dans le sud-est de la Turquie, un attentat dont les rebelles kurdes sont soupçonnés être les auteurs, a-t-on indiqué de source sécuritaire locale.
Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en lutte armée depuis 1984 contre les forces de sécurité dans cette partie de la Turquie, peuplée majoritairement de Kurdes, a néanmoins démenti toute implication.
Le minibus transportait des villageois au chef-lieu de la province de Hakkari lorsque l'explosion est survenue, près du village de Geçitli.
Les tués, dont certains ont été mutilés par l'explosion, sont tous des civils. Parmi les trois blessés se trouve un bébé de 15 mois.
Des images de télévision ont montré un véhicule rouge réduit à un tas de ferraille et gisant dans un petit cratère.
Le PKK s'en prend souvent à des soldats en permission voyageant dans les zones de conflit à bord d'autocars civils.
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a dénoncé à Istanbul une attaque "terroriste", allusion habituelle au PKK, ajoutant que l'Etat turc ne céderait jamais devant cette menace.
Si la responsabilité du PKK était confirmée, cette attaque serait la plus meurtrière menée par le mouvement autonomiste contre des civils depuis juillet 2008. Deux attentats simultanés avaient alors coûté la vie à 17 personnes à Istanbul.
Dans un communiqué rapporté par l'agence pro-Kurde Firat, le PKK a rejeté toute responsabilité dans cette attaque, accusant certains éléments au sein de l'Etat turc de l'avoir perpétrée, sans autre précision.
Le mouvement a aussi assuré que la trêve qu'il a déclarée en août dans ses opérations contre les forces turques restait valable jusqu'au 20 septembre, comme initialement annoncé.
Hakkari est située dans l'extrême sud-est de la Turquie, à l'intersection des frontières avec l'Irak et l'Iran.
Dans des propos publiés dimanche dans le quotidien espagnol El Mundo, Le leader militaire du PKK Murat Karayilan, retranché avec ses hommes dans le nord de l'Irak, a assuré que le PKK "déposerait les armes" si la Turquie adoptait un modèle de régions autonomes comparable à celui de l'Espagne.
Le gouvernement turc a annoncé l'an dernier un plan visant à accroître les droits de la communauté kurde afin d'amener le PKK à abandonner la lutte armée. Le projet a fait l'objet de vives réactions dans les milieux nationalistes et semble pour l'heure enterré, Ankara ayant annoncé qu'aucune initiative allant contre l'unité nationale ne serait adoptée.
La trêve du PKK fait suite à une période d'intensification des combats depuis que le chef du mouvement Abdullah Öcalan, qui purge une peine de prison à vie, a annoncé en mai avoir abandonné tout effort de dialogue avec le gouvernement.
Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara et de nombreux pays, lutte pour l'autonomie des 12 à 15 millions de Kurdes de Turquie, sur une population de 73 millions. Le conflit a fait au moins 45.000 morts, selon l'armée.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.