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Une membre allemande de l'EI mise en accusation pour des persécutions contre une Yazidie


Mercredi 28 septembre 2022 à 11h57

Berlin, 28 sept 2022 (AFP) — Une Allemande membre présumée du groupe Etat islamique (EI) a été mise en accusation, notamment pour crimes contre l'humanité, pour des persécutions contre une Yazidie réduite en esclavage, a annoncé mercredi le parquet fédéral.

Nadine K., placée en détention provisoire dès son retour en Allemagne en mars 2022, a été mise en accusation le 16 septembre pour complicité de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, a précisé le parquet fédéral dans un communiqué.

La ressortissante allemande devrait ainsi être jugée devant le tribunal de Coblence (ouest).

Nadine K. a suivi son mari en 2014 en Syrie dans les rangs du groupe EI, avant de gagner Mossoul (Irak) l'année suivante.

Les deux époux vivaient avec leur fille dans une maison spoliée où ils entreposaient des armes et des explosifs et accueillaient des femmes célibataires membres de l'EI avant leur mariage.

A partir du printemps 2016, Nadine K. et son mari ont pris une femme yazidie comme esclave. "Le mari violait et battait régulièrement la femme, ce que Nadine K. savait", selon le parquet fédéral, précisant que l'Allemande "surveillait elle-même la captive pour qu'elle ne puisse pas s'échapper".

"Le couple obligeait l'esclave à effectuer sans rétribution les travaux ménagers et à s'occuper des enfants", ajoute le parquet.

La femme "devait prier tous les jours selon le rite islamique et observer le jeûne pendant le Ramadan", relève le parquet, soulignant que "tout cela servait l'objectif déclaré de l'EI d'anéantir la foi yazidie".

Le couple et son esclave a ensuite déménagé en Syrie fin 2016 où ils ont vécu jusqu'au début du mois de mars 2019, date à laquelle la femme yazidie a pu retrouver la liberté.

Nadine K. a elle été emprisonnée dans un camp des forces kurdes, avant son transfèrement en Allemagne en mars 2022.

En août 2014, l'EI avait déferlé sur les monts Sinjar, dans le nord de l'Irak, multipliant les exactions à l'encontre de leurs habitants, les Yazidis, une petite minorité ethnoreligieuse kurdophone. Les jihadistes avaient réduit les femmes à l'esclavage sexuel, enrôlé de force des enfants-soldats et tué des hommes par centaines.

Une équipe d'enquête spéciale de l'ONU avait annoncé en mai 2021 avoir recueilli la "preuve claire et convaincante" qu'un génocide a été commis par les jihadistes contre les Yazidis.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.