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Une filière d'immigration entre l'Irak et l'Europe en procès à Paris


Mercredi 3 mars 2010 à 11h12

PARIS, 3 mars 2010 (AFP) — Le procès d'une trentaine de personnes soupçonnées d'avoir participé à une filière irako-kurde d'immigration irrégulière vers le nord de l'Europe, dite "filière Bagdad", s'est ouvert mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris, pour une durée d'un mois.

Sur les 28 accusés, huit comparaissent détenus. Tous doivent répondre d'"aide à l'entrée et au séjour irrégulier en bande organisée" et d'"association de malfaiteurs". Ils encourent jusqu'à dix ans de prison.

Le 23 juin 2009, lors d'une vaste opération conjointe, les polices de dix pays européens avaient interpellé 105 responsables et passeurs présumés de cette filière. Les enquêteurs s'étaient targués à l'époque d'avoir effectué "la plus grosse" action de ce type jamais réalisée dans l'UE.

L'"Opération Bagdad" avait mobilisé en même temps des policiers en France, Allemagne, Belgique, Danemark, Irlande, Grèce, Norvège, Pays-Bas, Suède et Royaume-uni. Elle avait été coordonnée par Europol sur le plan policier et par Eurojust dans le domaine judiciaire.

Les migrants, en provenance essentiellement du nord de l'Irak, mais également de nationalité iranienne, afghane, pakistanaise, chinoise et bengalie, gagnaient la France, pays de transit, par la Turquie, la Grèce, et l'Italie, avant de tenter de rallier le Royaume-Uni, l'Irlande, la Suède ou la Norvège.

Selon l'accusation, la filière, qui était organisée telle une véritable entreprise, proposait deux types de service: le "passage en vrac" et le "passage garanti", beaucoup plus cher.

La première technique consistait à envoyer les migrants en grand nombre sur un même port pour qu'ils saturent les systèmes de sécurité: ils se cachaient dans des camions sur le point d'embarquer sur des ferries.

La seconde consistait à cacher une dizaine de migrants dans un camping-car, conduit par un conducteur "ami", rémunéré.

Selon le parquet, les clandestins devaient acquitter entre 10.000 et 15.000 euros chacun. Les principaux organisateurs jugés à Paris auraient perçu plusieurs centaines de milliers d'euros, tandis qu'entre début 2007 et mi-2008, un millier de clandestins auraient bénéficié du système.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.