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Une équipe de télévision irakienne tuée à Mossoul, bastion d'Al-Qaïda


Samedi 13 septembre 2008 à 16h46

MOSSOUL (Irak), 13 sept 2008 (AFP) — Quatre membres d'une équipe de télévision irakienne ont été enlevés puis exécutés samedi par des inconnus alors qu'ils enregistraient une émission populaire pendant le ramadan, à Mossoul, bastion d'Al-Qaïda et tombeau de plusieurs journalistes irakiens.

Parallèlement, dix personnes ont été tuées dans deux autres attentats, dont six dans une attaque, fait rare, contre des combattants kurdes déployés au nord-est de Bagdad.

La chaîne de télévision privée Charqia, qui émet de Dubaï, a annoncé à l'antenne la mort de Moussab al-Azzaoui, le chef du bureau de la chaîne à Mossoul et fils d'un député du Parlement, les caméramans Ahmed Salem et Ihab Maad, et leur chauffeur Qaïdar Souleimane.

Ils ont été enlevées dans le quartier al-Zenjili, dans le centre de Mossoul (370 km au nord de Bagdad).

"Vers midi (09H00 GMT), des hommes armés ont enlevé quatre employés de Charqia qui faisaient leur travail en tournant une série d'émissions à al-Zenjili. Ils les ont tués", selon la chaîne.

Les corps, criblés de balles, ont été retrouvés dans un quartier voisin.

L'équipe de télévision devait enregistrer une émission diffusée pendant le ramadan où la chaîne apporte nourriture et cadeaux à une famille pauvre pour l'iftar, le repas de rupture du jeûne.

Ils ont été "tués par les forces obscures qui essaient de ruiner la sécurité en Irak et museler la liberté d'expression", a déclaré la chaîne.

Depuis Dubaï, la direction de Charqia a déclaré que la télévision publique irakienne portait "la responsabilité morale" de ce meurtre.

Le rédacteur en chef de Charqia, Ali Wajih, a accusé Al-Iraqiya d'avoir mené une "campagne de calomnie contre les journalistes travaillant pour Charqia", après la diffusion d'un reportage sur "la torture dans les prisons irakiennes".

Les journalistes irakiens sont régulièrement la cible des groupes insurgés ou des milices extrémistes chiites. Plusieurs d'entre eux travaillant dans la province de Ninive, dont Mossoul est la capitale, ont été tués par des insurgés ces dernières années.

Le 22 juillet, un journaliste de 23 ans avait été abattu par des inconnus dans un quartier kurde de Kirkouk (nord).

Le 17 juin, un autre avait été assassiné par des hommes armés alors qu'il sortait de chez lui à Mossoul.

Selon l'armée américaine, Mossoul est le dernier bastion de la branche irakienne d'Al-Qaïda.

Au moins 237 employés de presse, dont 22 étrangers, ont été tués en Irak depuis l'invasion américaine en mars 2003, selon l'Observatoire irakien de la liberté de la presse (JFO), la principale association de défense de la liberté de presse en Irak.

Dans la matinée, six peshmergas, dont un commandant, ont été tués dans un attentat dans la province de Diyala, une des plus dangereuses d'Irak.

"Six peshmergas ont été tués, dont le colonel Zoulfikar Mahmoud chargé de la sécurité à Khanaqine, et six blessés par l'explosion d'une bombe artisanale, placée au bord de la route, au passage de leur patrouille", a déclaré Mahmoud Singaoui, le représentant du président irakien Jalal Talabani auprès des peshmergas.

Cet attentat s'est produit à l'ouest de Khanaqine, une ville de la province de Diyala, frontalière de l'Iran.

Ces combattants sont en majorité déployés dans les trois provinces de la région semi-autonome du Kurdistan (nord), mais ils sont aussi stationnés également plus au sud, dans les provinces de Ninive, de Kirkouk et de Diyala, une présence qui suscite parfois des crispations.

Une crise a éclaté en août à Khanaqine entre l'armée irakienne et les peshmergas sur la présence de ces derniers dans la région de Diyala.

A Bagdad, trois policiers et un membre des milices luttant contre Al-Qaïda ont été tués dans l'explosion d'une bombe artisanale au bord d'une route.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.