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Un trio hétéroclite à la tête du Parlement irakien


Samedi 22 avril 2006 à 18h29

BAGDAD, 22 avr 2006 (AFP) — Le Parlement irakien a choisi samedi un trio hétéroclite pour le diriger, associant un médecin salafiste sunnite, un ancien peshmerga kurde et un universitaire chiite, spécialiste de l'islam.

Mahmoud Machhadani, choisi pour présider le Parlement élu le 15 décembre dernier, est un médecin aux convictions islamistes profondes, ancien opposant au régime de Saddam Hussein qui l'a emprisonné à deux reprises.

Seul candidat conformément à un arrangement négocié par les différents groupes politiques, il a obtenu 159 voix, à l'issue du vote des 266 élus présents, sur les 275 députés du Parlement.

Elu sur la liste sunnite du Front de la Concorde, M. Machhadani succède à Hajim al-Hassani, un autre Arabe sunnite.

Peu connu du grand public, Mahmoud Machhadani s'est présenté aux députés lorsque sa candidature a été annoncée, après le retrait de Salah Motlaq, leader sunnite du Conseil national de dialogue.

"Je suis un médecin, je suis né dans le quartier à majorité chiite de Kazimiyah, dans le nord de Bagdad. J'ai été diplômé en 1972, j'ai rejoint l'armée", a raconté le nouveau président de l'Assemblée devant les élus.

"J'ai ensuite été persécuté en raison de mes idées salafistes, j'ai été renvoyé de l'armée quand j'étais commandant. Mes biens ont été confisqués et on m'a interdit de voyager", a-t-il ajouté.

"J'ai été condamné une première fois à deux ans de prison trois mois après le début de la guerre contre l'Iran en 1980 pour des idées hostiles au parti Baas", a poursuivi M. Machhadani.

"J'ai été condamné à mort en 2000, mais ma peine a été commuée en 15 ans de prison, parce que j'ai payé le juge", a-t-il précisé, suscitant les rires des députés.

"J'ai été libéré lors de l'amnistie générale en 2002. A la chute du régime, j'ai participé à la création du Conseil national", l'une des composantes du Front de la concorde nationale, la coalition sunnite qui a 44 députés.

A l'issue du vote pour désigner les deux adjoints du président du Parlement, le chiite cheikh Khaled al-Attiya et le Kurde Aref Tayfour ont été élus avec respectivement 202 et 159 voix.

Aref Tayfour est l'un des chefs du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, qui préside la région autonome kurde dans le nord de l'Irak.

Né en 1945 à Soulaimaniyah, Aref Tayfour a étudié à Kirkouk, où il a été diplômé de droit en 1970.

Militant dans les jeunesses du PDK, il participe à la guérilla kurde contre les troupes de Saddam Hussein. Réfugié en Iran en 1973, il s'exile en Autriche en 1997 et rentre au Kurdistan en 2000. Elu membre du bureau politique du PDK, il est nommé à la tête des organisations du parti à Bagdad après la chute du régime de Saddam Hussein, en avril 2003.

Le cheikh Khaled al-Attiya est un dirigeant du puissant Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), présidé par Abdel Aziz Hakim, qui présente un profil d'universitaire.

Né en 1949 dans la province de Diwaniyah, au sud de Bagdad, le cheikh Khaled al-Attiya a fait ses études religieuses dans la ville sainte chiite de Najaf. Il y a été l'élève de deux prestigieuses figures, le grand ayatollah Mohammed Bakr Sadr, fondateur du parti Dawa, et le grand ayatollah Abou Qassem Khoï, qui s'est opposé à la doctrine de l'ayatollah Khomeiny de "Wilayat Fakih", selon laquelle les religieux peuvent se mêler directement de politique.

Khaled al-Attiya a enseigné la religion pendant 25 ans à l'étranger, en Egypte, au Liban, en Iran et en Grande-Bretagne, à l'université d'Oxford dont il a été diplômé en études islamiques en 2003.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.