Mardi 9 mai 2006 à 06h11
ANKARA, 5 mai 2006 (AFP) — Un tribunal d'Ankara a rejeté vendredi une requête du chef séparatiste kurde emprisonné Abdullah Öcalan qui demandait à être rejugé, allant ainsi à l'encontre d'une décision de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), a rapporté l'agence de presse Anatolie.
"Ce n'est pas une surprise, nous nous attendions à cette décision", a déclaré à l'AFP Hatice Korkut, une des avocates d'Öcalan.
Elle a indiqué qu'un appel était possible, mais que l'équipe de juristes défendant le dirigeant rebelle allait d'abord étudier le contenu de la décision avant de décider de la suite des opérations.
Le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), incarcéré depuis 1999 sur l'île-prison d'Imrali (nord-ouest), a demandé en janvier à être rejugé conformément à un arrêt en ce sens de la CEDH.
La Cour européenne a recommandé en mai 2005 l'organisation d'un nouveau procès contre Öcalan après avoir estimé que celui au terme duquel il avait été condamné à mort, en 1999, était "inéquitable".
La peine capitale prononcée contre Öcalan, 57 ans, avait été commuée en réclusion à vie en 2002 après l'abolition de la peine de mort en Turquie.
La Turquie a indiqué qu'elle respecterait la recommandation de la CEDH mais elle doit au préalable amender sa législation.
Une loi votée en 2003 permet de rejuger les détenus dont le jugement a été infirmé par la CEDH, mais n'est pas rétroactive, ce qui exclut Öcalan et une centaine d'autres personnes de ce droit.
"Le parlement doit amender cette disposition car elle va clairement à l'encontre du principe de légalité", a commenté Me Korkut.
Aucune initiative n'est actuellement en cours pour un tel amendement.
Un nouveau jugement d'Öcalan, considéré comme l'ennemi public no 1 en Turquie, pourrait mettre le gouvernement dans une situation difficile vis-à-vis de l'opinion publique et exacerber les sentiments nationalistes dans le pays.
Les combats entre les forces de sécurité et le PKK, qui revendique l'indépendance du sud-est anatolien à majorité kurde, ont fait plus de 37.000 morts depuis le début du conflit, en 1984.
Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.