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Un témoin accable le Néerlandais accusé de génocide en Irak


Vendredi 2 decembre 2005 à 16h38

LA HAYE, 2 déc 2005 (AFP) — Un partenaire commercial japonais de l'homme d'affaire néerlandais jugé à La Haye pour complicité de génocide en Irak a affirmé vendredi que l'accusé connaissait l'usage mortel que le régime de Saddam pouvait faire de ses produits chimiques.

Van Anraat a reconnu avoir vendu à l'Irak du thiodiglycole et de l'oxychlorhyde de phosphore, composants du gaz moutarde, assurant ignorer l'usage qui en était fait.

Hisjiro "Charlie" Tanaka, ancien partenaire en affaires de Van Anraat qui l'aidait à importer des produits chimiques du Japon et des Etats-Unis entre 1984 et 1988, a déclaré que "tous les fabricants" auxquels ils achetaient les produits "disaient que cela pouvait servir à fabriquer du gaz moutarde".

Van Anraat a expliqué aux enquêteurs qu'il croyait que ses produits chimiques étaient utilisés dans l'industrie textile. Mais des experts ont émis des doutes, compte tenu de l'importance des volumes exportés vers l'Irak.

Frans van Anraat, 63 ans, comparait pour avoir fourni dès 1984 des produits utilisés par le régime de Saddam Hussein, notamment lors du massacre de Kurdes à Halabja, qui a fait quelque 5.000 morts en une journée en 1988. Il est le premier Néerlandais jamais accusé de génocide et la première personne à comparaître pour ce massacre, qui figure dans la liste des crimes reprochés à Saddam Hussein.

Van Anraat est aussi accusé de complicité de crimes de guerre pour les attaques irakiennes contre des villes et des villages kurdes en Irak et en Iran.

Visé par une enquête américaine, il avait été arrêté en 1989 en Italie, puis avait fui vers l'Irak où il était resté jusqu'à l'attaque de la coalition conduite par les Etats-Unis en 2003, date à laquelle il s'est réfugié aux Pays-Bas.

Les Etats-Unis ont renoncé en 2000 à leur demande d'extradition, sans explication. De leur côté, les autorités néerlandaises n'avaient pas de raisons de l'arrêter jusqu'à ce qu'il soit accusé de génocide.

La justice néerlandaise peut poursuivre Van Anraat pour génocide en Irak, après un jugement de la Cour suprême des Pays-Bas donnant aux tribunaux néerlandais compétence universelle en matière de crimes de guerre et de génocide, dès lors que les accusés résident aux Pays-Bas.

Le procès devrait durer encore deux semaines et un jugement est attendu le 23 décembre.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.