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Un sommet en Jordanie pour tenter de désamorcer les crises régionales


Mardi 20 decembre 2022 à 14h45

Sweimeh (Jordanie), 20 déc 2022 (AFP) — La France et des acteurs régionaux ont appelé mardi l'Irak, lors d'un sommet en Jordanie, à s'éloigner de l'axe iranien afin de favoriser une résolution des crises qui secouent le Moyen-Orient.

La conférence "Bagdad II" se tient sur les rives de la mer Morte, après une première édition dans la capitale irakienne en août 2021 à l'initiative d'Emmanuel Macron et de l'Irak.

Dans son discours, le président français a appelé l'Irak à suivre une autre voie que celle d'un "modèle dicté de l'extérieur", dans une allusion à l'Iran.

"L'Irak aujourd'hui est le théâtre d'influences, d'incursions, de déstabilisations qui sont liées à toute la région", a ajouté Emmanuel Macron sans citer l'Iran, représenté à la conférence par son chef de la diplomatie Hossein Amir-Abdollahian.

Il a appelé Bagdad à suivre une voie "qui ne soit pas celle d'une forme d'hégémonie, d'impérialisme, de modèle qui serait dicté de l'extérieur".

- Test pour l'Irak -

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui participe au sommet, a également souligné "le refus par l'Egypte de toutes les interventions extérieures en Irak".

La conférence fait figure de test pour le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani, désigné en octobre après plus d'une année d'impasse politique et considéré comme plus proche de l'Iran que son prédécesseur.

Dans son allocution, M. Soudani s'est engagé à avoir "des relations équilibrées avec tous les partenaires régionaux et internationaux" et à rester "à l'écart des axes" politiques.

M. Amir-Abdollahian s'est pour sa part déclaré en faveur "d'un dialogue entre les pays de la région pour parvenir à la paix".

- "Sanctions illégales" -

Dans une allocution prononcée en partie en français, le roi Abdallah II de Jordanie a souligné de son côté "le rôle pivot de l'Irak" dans le maintien de la "stabilité" régionale.

Un pari difficile dans une région toujours instable. L'Iran réprime une vague de manifestations contre le pouvoir, l'Irak sort tout juste d'un an de crise politique, la Syrie demeure un terrain d'affrontements entre puissances et le Liban est sans président, pour ne citer que quelques-unes des crises régionales.

"Ce sommet a de grandes ambitions mais personne ne s'attend à des miracles", a estimé Riad Kahwaji, directeur de l'Institut du Proche-Orient et du Golfe pour les analyses militaires (Inegma).

Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, a rencontré avant l'ouverture du sommet le ministre iranien des Affaires étrangères.

"J'ai souligné la nécessité de stopper immédiatement le soutien militaire à la Russie et la répression interne en Iran", a affirmé M. Borrell dans un tweet.

La rencontre est intervenue alors que les négociations sur le nucléaire iranien sont au point mort et que l'UE a imposé de nouvelles sanctions à l'Iran pour protester contre sa répression des manifestations qui secouent le pays et la fourniture de drones à la Russie pour sa guerre en Ukraine.

M. Amir-Abdollahian a pour sa part "condamné l'approche des pays occidentaux consistant à soutenir les émeutiers et à imposer des sanctions illégales".

Téhéran accuse plusieurs pays étrangers, dont son rival régional, l'Arabie saoudite, avec lequel les relations diplomatiques sont rompues depuis 2016, d'encourager les manifestations en Iran, déclenchées par la mort en détention d'une jeune Kurde mi-septembre et qualifiées d'"émeutes" par Téhéran.

"Nous sommes disposés à revenir à des relations normales et rouvrir les ambassades quand la partie saoudienne sera prête", avait assuré lundi M. Amir-Abdollahian, alors que l'Arabie saoudite est représentée mardi au sommet par son ministre des Affaires étrangères Fayçal ben Farhane.

Pour M. Kahwaji, analyste basé à Dubai, il faudra voir "quelle est la disposition de Téhéran, qui joue un rôle central dans les crises de la région, de l'Irak à la Syrie en passant par le Liban et le Yémen, à faire des compromis".

Emmanuel Macron, qui s'est rendu lundi sur le porte-avions français Charles de Gaulle au large de l'Egypte pour la fête de Noël avec les troupes françaises, doit s'entretenir séparément avec le roi Abdallah II, "allié dans la lutte contre le terrorisme", selon Paris.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.