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Un procureur qui a accusé un général pour un attentat anti-kurde radié


Jeudi 20 avril 2006 à 13h19

ANKARA, 20 avr 2006 (AFP) — Un procureur turc qui avait mis en cause un haut responsable de l'armée dans le cadre d'un attentat anti-kurde a été radié, a décidé jeudi le haut conseil des juges et des procureurs (HSYK), rapporte l'agence de presse Anatolie.

Cet organe qui dépend du ministère de la Justice a pris cette décision au vu des conclusions d'une enquête menée sur Ferhat Sarikaya, procureur de Van (est).

L'enquête a examiné le bien-fondé d'un acte d'accusation controversé préparé par M. Sarikaya concernant un attentat commis en novembre dans une région kurde.

Ce document qui a défrayé la chronique en Turquie, pays qui souhaite adhérer à l'Union européenne et où l'armée est considérée comme l'institution la plus respectée, met en cause le commandant de l'armée de terre, le général Yasar Büyükanit.

Il est soupçonné d'avoir créé à la fin des années 1990 une "organisation clandestine" alors qu'il était en poste dans le sud-est à majorité kurde, selon l'acte d'accusation.

Il est également soupçonné d'avoir "influencé" les autorités judiciaires par ses propos en faveur d'un sous-officier accusé d'être l'instigateur d'un attentat, le 9 novembre, qui avait fait un mort et six blessés dans une librairie de Semdinli, dans l'extrême sud-est du pays.

Une vague de violences avait embrasé la région après l'attentat, la population kurde réagissant à ce qu'elle percevait comme une provocation organisée par des éléments incontrôlés de l'armée.

Les accusations contre le général se basent essentiellement sur les témoignages d'un homme d'affaires local au passé obscur. Le document a provoqué l'ire de l'armée, qui lutte contre les rebelles séparatistes kurdes dans le sud-est anatolien depuis 1984.

Le gouvernement du Parti de la Justice et du Développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, a affirmé ne rien avoir à voir avec le document.

Selon les observateurs, ces accusations émanent des milieux islamistes et visent à discréditer le général qui devrait être nommé cet été à la tête de l'armée.

Le général est perçu comme un faucon au sein de l'armée, qui se considère comme la gardienne des principes laïques, fondements de l'Etat turc.

M. Sarikaya pourrait faire appel contre la décision HSYK, précise Anatolie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.