Dimanche 5 mars 2006 à 13h54
NAJAF (Irak), 5 mars 2006 (AFP) — Un proche collaborateur du président Jalal Talabani a rencontré dimanche l'ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité religieuse chiite, pour lui expliquer les raisons du refus par les Kurdes de la candidature du chiite Ibrahim Jaafari au poste de Premier ministre.
"J'ai été délégué par le président Talabani pour expliquer en détail à l'ayatollah Sistani les raisons de notre opposition à la nomination de Jaafari au poste de Premier ministre", a affirmé à la presse Barham Saleh, ministre de la Planification, à l'issue de l'entrevue.
L'ayatollah "a écouté nos arguments avec attention et a souligné la nécessité de poursuivre les discussions avec les autres composantes" irakiennes, a indiqué ce responsable kurde, arrivé plus tôt pour une visite inopinée dans la ville sainte de Najaf (centre).
Ali Sistani "a souligné la nécessité du maintien de la cohésion de l'Alliance unifiée irakienne (AUI), ce que nous souhaitons également", a-t-il poursuivi.
"Nous maintenons notre rejet de la candidature de Jaafari, car nous estimons que l'Irak a besoin d'un gouvernement d'union nationale et de nouveaux visages", a-t-il dit.
M. Saleh a indiqué espérer que l'AUI "prendra en compte notre opposition à leur candidat et qu'elle changera de candidat".
M. Saleh, qui a également rencontré les chefs religieux Mohammad Saïd al-Hakim, et cheikh Mohammad Yaacoubi, s'est entretenu avec le chef radical Moqtada al-Sadr.
"Moqtada Sadr a insisté sur l'unité nationale et sur la consolidation des liens entre les Irakiens", a déclaré l'émissaire de Talabani. Le chef chiite a réaffirmé son attachement à la candidature de M. Jaafari, a-t-il ajouté.
Samedi, deux proches collaborateurs de M. Jaafari avaient rencontré l'ayatollah Sistani, qui leur avait recommandé de maintenir la cohésion de la liste des chiites conservateurs de l'Alliance unifiée irakienne (AUI).
En février, l'AUI avait désigné M. Jaafari comme son candidat au poste de Premier ministre lors d'un vote au cours duquel il avait battu, d'une seule voix, le candidat du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), le vice-président Adel Abdel Mahdi.
Le choix de M. Jaafari est contesté par les blocs parlementaires de l'Alliance kurde (53 sièges), du Front de la Concorde sunnite (44 sièges) et de la liste du chiite Iyad Allaoui (25 sièges). Jeudi, ils ont adressé une lettre en ce sens à l'AUI, qui compte 128 députés sur 275.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.