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Un nouveau juge kurde pour juger Saddam mardi


Lundi 23 janvier 2006 à 14h01

BAGDAD, 23 jan 2006 (AFP) — Un nouveau juge kurde a été désigné lundi pour présider les débats mardi dans le procès de Saddam Hussein, après plusieurs jours d'incertitude sur la succession du juge démissionnaire Rizkar Amine.

"Raouf Rachid Abdel Rahmane a été choisi pour présider la chambre du tribunal jusqu'à ce qu'une décision soit prise concernant la démission du juge Rizkar Amine", a déclaré à l'AFP le juge d'instruction Raed al-Jouhi, en lisant un bref communiqué de la juridiction.

Selon M. Jouhi, le nouveau juge, un Kurde comme son prédécesseur, est né en 1941. Il a été diplômé en droit en 1963 et a exercé depuis en tant qu'avocat et magistrat.

Selon une source kurde, le nouveau juge est né à Halabja, village kurde de la province de Soulaimiyah bombardé aux armes chimiques par Saddam Hussein en mars 1988, entraînant la mort de 5.000 habitants.

Cette annonce met fin à plus de dix jours de spéculations et de rebondissements à propos de l'identité du juge présidant les audiences du procès de Saddam Hussein et de ses lieutenants, après l'annonce de la démission de Rizkar Amine à la mi-janvier.

Le juge Rizkar Amine avait été sévèrement critiqué par plusieurs responsables politiques pour son manque de fermeté à l'égard des accusés et la liberté de parole qu'il leur permettait.

Le 17 janvier, le procureur général du Haut tribunal pénal, Jaafar al-Moussaoui, avait déclaré que le juge chiite Saïd al-Hamachi dirigerait les débats lors des prochaines audiences du procès de Saddam Hussein et de ses lieutenants, en attendant l'élection d'un nouveau juge.

"Saïd al-Hamachi a été désigné car il est le plus ancien des cinq juges du tribunal. Cette nomination est temporaire et une élection sera organisée d'ici un mois", avait-il ajouté.

Mais Saïd al-Hamachi avait été mis en cause dès le lendemain par l'organisme chargé de purger l'administration et les institutions de l'Etat des membres du parti dissous Baas.

"Le juge Saïd al-Hamachi est concerné par les mesures d'épuration et ne peut pas en conséquence présider les audiences", avait déclaré Ali Lami, directeur général du Comité d'épuration du parti Baas.

Cet organisme n'a toutefois qu'un avis consultatif et le 19 janvier, le Haut tribunal pénal avait fait savoir qu'il ne tiendrait pas compte de cet avis, qui a cependant suffisamment troublé les esprits pour que les membres du tribunal s'efforcent lundi encore de tenter de convaincre le juge Rizkar Amine de revenir sur sa décision.

"Les efforts se poursuivent pour convaincre Rizkar Amine de continuer à présider la Chambre jugeant Saddam Hussein", a déclaré en début de matinée à l'AFP Raëd al-Jouhi, juge d'instruction du Haut tribunal pénal.

"Le juge maintient sa décision de démissionner et affirme qu'elle est définitive et irrévocable en dépit de tous les efforts déployés pour le pousser à revenir sur sa démission", a répondu un proche de Rizkar Amine.

La huitième audience du procès de Saddam Hussein et de sept de ses lieutenants, jugés pour le massacre de 148 villageois chiites de Doujaïl (nord de Bagdad) en représailles à l'attaque du convoi de l'ancien président lors d'une visite du village en 1982, doit avoir lieu mardi.

Si Saddam Hussein et ses lieutenants sont jugés coupables, ils encourent la peine de mort, mais ils ont la possibilité de faire appel.

Si la peine de mort est confirmée en appel, elle devrait être appliquée dans un délai de 30 jours. Mais la durée de l'appel pourrait être prolongée pour permettre au président déchu de répondre des autres crimes dont il est accusé.

Outre le massacre des villageois de Doujaïl, l'ancien président doit répondre du gazage de Kurdes à Halabja en 1988 et de la répression de chiites après le soulèvement de 1991.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.