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Un mort dans des frappes de Téhéran contre ses opposants kurdes en Irak


Lundi 21 novembre 2022 à 08h13

Erbil (Irak), 21 nov 2022 (AFP) — L'Iran a de nouveau bombardé dans la nuit de dimanche à lundi des groupes d'opposition kurdes iraniens basés au Kurdistan d'Irak voisin, tuant un combattant de ces factions dissidentes, accusées par Téhéran d'attiser les manifestations qui secouent la République islamique.

Ces tirs de missiles et frappes de drones imputés aux Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de l'Iran, interviennent une semaine après des bombardements similaires menés par Téhéran contre ces groupes d'opposition, installés depuis des décennies dans la région du Kurdistan autonome, dans le nord de l'Irak.

Le Parti démocratique du Kurdistan d'Iran (PDKI) et le groupe nationaliste kurde iranien Komala ont tous deux confirmé des bombardements ayant visé leurs installations.

"Les Gardiens de la révolution (armée idéologique de l'Iran, ndlr) ont de nouveau bombardé des partis kurdes iraniens", ont indiqué les services antiterroristes du Kurdistan d'Irak, sans évoquer de bilan pour ces frappes survenues avant minuit.

Lundi l'agence de presse étatique irakienne INA a également rapporté des raids iraniens, évoquant "des tirs de missiles et des frappes de drones" contre "trois partis iraniens d'opposition au Kurdistan" d'Irak.

Le PDKI a confirmé lundi avoir été visé à Koya (Koysinjaq) et à Jejnikan, près d'Erbil, la capitale régionale du Kurdistan par des "tirs de missiles et des drones kamikazes".

"Bihzad, un membre des peshmerga (combattant kurde, ndlr), a été tué dans un bombardement iranien dans la région de Koysinjaq", a indiqué à l'AFP Ali Boudaghi un responsable du Parti.

Le mouvement a partagé sur son compte Twitter des vidéos montrant des boules de feu s'élevant dans la nuit noire.

"Ces attaques aveugles se produisent à un moment où le régime terroriste iranien est incapable d'arrêter les manifestations en cours au Kurdistan" d'Iran, a fustigé le PDKI, plus ancien parti kurde d'Iran fondé en 1945, dans un communiqué publié en ligne.

- "Attaques aveugles" -

Le 14 novembre déjà, des bombardements similaires contre des groupes d'opposition kurdes iraniens ont fait un mort et huit blessés au Kurdistan d'Irak. Des frappes meurtrières avaient également eu lieu le 28 septembre.

Le pouvoir iranien accuse ces groupes d'opposition, de longue date dans sa ligne de mire, d'attiser les troubles en Iran, confronté à des manifestations depuis la mort le 16 septembre de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini, arrêtée par la police des moeurs à Téhéran.

Par le passé, plusieurs hauts responsables iraniens ont interpellé les autorités de Bagdad et celles d'Erbil sur ce dossier, leur demandant de neutraliser cette opposition.

Installées en Irak depuis les années 1980, ces factions kurdes iraniennes sont qualifiées de "terroristes" par la République islamique, qui les accuse d'attaques sur son territoire.

Mais après avoir longtemps mené une insurrection armée, ces groupes, très à gauche politiquement, ont quasiment interrompu leurs activités militaires, nuancent toutefois des experts.

Le mouvement Komala a confirmé sur Twitter avoir été pris pour cible, assurant ne pas avoir essuyé de pertes dans ses rangs.

Le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a condamné dans un communiqué "les frappes transfrontalières iraniennes" effectuées par "des missiles et des drones" près d'Erbil.

"De telles attaques aveugles et illégales mettent les civils en danger, violent la souveraineté irakienne et compromettent la sécurité et la stabilité (...) de l'Irak et du Moyen-Orient", ajoute le Centcom dans un communiqué.

Les derniers bombardements iraniens interviennent un jour seulement après des frappes aériennes menées par la Turquie au Kurdistan d'Irak contre des bases des rebelles kurdes turcs du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan.

Considéré comme une organisation terroriste par Ankara mais aussi par ses alliés occidentaux, le PKK est en lutte armée contre le gouvernement turc depuis le milieu des années 1980. Il dispose dans le nord de l'Irak de bases arrières depuis des décennies.

"Quelle que soit l'intention de Téhéran pour cibler le Kurdistan irakien, c'est un échec à la fois pour Bagdad et Erbil de laisser leur territoire être ainsi vulnérable à des attaques étrangères", a estimé sur Twitter le politologue irako-canadien Hamzeh Hadad.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.