Page Précédente

Un Kurde détourne un ferry turc pendant douze heures avant d'être tué


Samedi 12 novembre 2011 à 18h15

ISTANBUL, 12 nov 2011 (AFP) — Un militant kurde transportant de l'explosif a détourné durant plus de 12 heures un ferry turc avec 24 personnes à bord, dans la Mer de Marmara, avant d'être tué samedi lors d'une opération des forces de sécurité.

Des commandos de l'armée et de la police ont pris d'assaut le ferry à l'aube et abattu le preneur d'otages, ont affirmé les médias et des otages.

"Nous avons vu les commandos (monter sur le navire), tout était fini en 10 minutes. Nous ne les avons pas vu (tirer) mais nous avons d'abord entendu trois coups de feu, puis trois autres", a déclaré Ceyhun Tezel, un des otages, à la chaîne d'information NTV.

"Nous avons prié et remercié dieu d'être encore en vie", a-t-il ajouté.

Les forces de sécurité "nous ont contactés par téléphone. Un de nous a ouvert la porte (du navire) et ils (les commandos) sont entrés. Nous sommes restés silencieux. Ils étaient une quinzaine", a relaté un autre otage, un homme âgé, sur NTV.

"Le terroriste a été neutralisé lors d'une opération réalisée à environ 05H45 (03H45GMT) sans que les passagers ou l'équipage soit blessés", a affirmé le ministre de l'Intérieur Idris Naim Sahin sur NTV.

Le ministre a identifié le pirate comme étant un Kurde nommé Mensur Güzel, né en 1984 à Kulp, dans la province de Diyarbakir (sud-est), et membre de l'organisation armée kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

"Il était le responsable de la branche de jeunesse de l'organisation à Kocaeli", la province d'où est parti le ferry, a-t-il ajouté.

M. Sahin a souligné que l'homme transportait bien trois charges d'explosif de type A-4, de 450 grammes chacune, au milieu de bouteilles vides. Il avait sur lui plusieurs cartes d'identité avec différents noms, a précisé le ministre

Le gouverneur de Kocaeli, Ercan Topaca, avait précédemment annoncé à Anatolie que l'homme ne transportait pas de bombe mais "un dispositif fait de câbles et d'une bouteille ressemblant à une bombe". Il avait en outre émis des doutes sur ses liens avec le PKK.

"Il n'y avait pas de possibilité de prendre le terroriste vivant", a commenté le ministre. "Les policiers ont essayé toute la nuit de le convaincre (de se rendre)", a-t-il dit. "Ils lui ont dit tout ce qu'ils pouvaient", a-t-il ajouté.

Qualifiant l'incident de "sérieux" mais géré "avec succès", M. Sahin a précisé que trois suspects avaient été arrêtés en connexion avec l'enquête.

Le corps de l'auteur du détournement, resté sur le ferry après la fin de l'opération, devait être envoyé vers une unité médico-légale à Istanbul, selon l'agence Anatolie.

Le ferry Kartepe, un catamaran rapide affecté au transport de passagers entre Izmit et Gölcük (province de Kocaeli), deux villes du nord-est de la mer de Marmara, a été détourné vers 16H00 GMT vendredi. Dans un premier temps il avait été fait mention d'un groupe de quatre à cinq assaillants.

Le navire, transportant 18 passagers, quatre membres d'équipage et deux stagiaires, s'est déplacé au fil des heures dans la mer de Marmara, avant d'atteindre Silivri, une lointaine banlieue d'Istanbul, sur sa rive européenne.

Là, le bateau a fait des cercles en mer jusqu'à ne plus avoir de carburant, selon le site internet du quotidien Hürriyet.

"Nous aurions dû arriver à destination en 20 minutes. C'est quand nous avons constaté que le bateau prenait du retard et se dirigeait dans une autre direction que nous avons compris que nous avions été pris en otage", a témoigné M. Tezel, soulignant que les passagers n'avaient pas vu le pirate.

Plusieurs médias turcs ont émis l'hypothèse que le pirate avait l'intention de détourner le navire vers l'île-prison d'Imrali, dans la mer de Marmara, où est emprisonné à vie le chef du PKK Abdullah Öcalan.

La tension autour de la question des Kurdes, une communauté de 12 à 15 millions de personnes sur une population totale de 73 millions, a nettement augmenté ces derniers mois en Turquie.

Attentats, attaques contre la police ou l'armée, opérations militaires et arrestations en nombre de sympathisants du PKK se succèdent.

L'armée turque a ainsi lancé fin octobre une vaste offensive dans l'est du pays et en Irak du nord, où se replient les rebelles du PKK.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.