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Un groupe proche des rebelles du PKK revendique l'attentat d'Ankara, met en garde les touristes


Vendredi 19 février 2016 à 22h44

Istanbul, 19 fév 2016 (AFP) — Un groupe proche des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a revendiqué vendredi l'attentat à la voiture piégée qui a fait 28 morts dans le centre d'Ankara et mis en garde les touristes étrangers contre les risques de nouvelles attaques en Turquie.

"Le 17 février au soir, une attaque suicide a été menée à 18h30 dans les rues d'Ankara par un guerrier kamikaze contre un convoi de soldats de la république turque fasciste", ont affirmé les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK).

"Cette action a été menée pour venger les personnes vulnérables tuées dans les sous-sol de Cizre et nos civils blessés", ajoute la déclaration publiée sur le site internet du groupe, en référence à la ville du sud-est à majorité kurde où l'armée et la police turques mènent depuis deux mois une opération meurtrière contre des partisans du PKK.

Les TAK ont également diffusé la photo d'un homme né en 1989 à Van (est), Zinar Raperin, présenté comme l'auteur de l'attaque d'Ankara.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Ahmet Davutoglu ont affirmé que l'attentat avait été perpétré par les combattants kurdes syriens des Unités de protection du peuple (YPG), avec le soutien du PKK.

Vendredi encore, M. Erdogan a assuré n'avoir "aucun doute" sur l'implication des YPG.

M. Davutoglu avait de son côté indiqué que le kamikaze était un Syrien de 23 ans, Salih Necar, présenté comme proche des YPG.

Le chef du Parti de l'union démocratique (PYD), dont les YPG sont le bras armé, Saleh Muslim, et un des responsables du PKK, Cemil Bayik, avaient nié ces accusations.

Dans leur déclaration, les TAK ont aussi mis en garde les visiteurs étrangers contre de nouvelles attaques dirigées contre les sites touristiques turcs.

"Nous conseillons aux touristes étrangers et turcs de ne pas aller dans les zones touristiques en Turquie", écrivent les TAK, "nous ne serons pas responsables de ceux qui mourront dans les attaques qui viseront ces sites".

- 'Cible majeure' -

"Le tourisme (...) est une cible majeure que nous voulons détruire", ajoute le groupe.

Les TAK avaient déjà revendiqué une attaque au mortier lancée le 23 décembre contre l'aéroport Sabiha Gökçen d'Istanbul, qui avait tué une personne.

Le 12 janvier, un attentat suicide a tué onze touristes allemands dans le district touristique de Sultanahmet à Istanbul. les autorités turques l'ont attribué au groupe jihadiste Etat islamique (EI).

M. Erdogan a encore mis en cause vendredi le soutien des Etats-Unis aux combattants kurdes de Syrie.

"Nous allons leur dire (aux dirigeants américains) où et comment ont explosé les armes qu'ils donnent à ces organisations", a lancé l'homme fort de la Turquie.

Lors d'un entretien téléphonique en soirée avec son homologue américain, le chef de l'Etat turc a souligné "l'importance de la solidarité entre alliés dans la lutte contre le terrorisme", a indiqué la présidence turque dans un communiqué.

Selon la même source, M. Obama a appelé à "l'arrêt immédiat" des avancées des YPG et du régime syrien dans le nord de la Syrie qui, a-t-il dit, "causent des tensions" et "affectent le combat contre Daech (acronyme arabe de l'EI)".

Le régime de Damas soutenu par la Russie a lancé ce mois-ci une offensive sur la ville d'Alep (nord) dont les milices kurdes ont profité pour étendre leur influence dans la région.

Le soutien américain aux YPG, en première ligne dans le combat contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie, suscite de vives tensions entre Turquie et Etats-Unis. Ankara considère le PYD et les YPG comme des groupes "terroristes", car liés au PKK qui mène depuis 1984 une rébellion meurtrière sur son sol.

Le parquet d'Ankara a indiqué vendredi que six suspects de plus avaient été interpellés en lien avec l'attentat d'Ankara, portant le total des arrestations à 20 depuis mercredi. "L'enquête est déjà presque bouclée", s'est réjoui le procureur en chef d'Ankara, Harun Kodalak, cité par l'agence de presse progouvernementale Anatolie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.