Mercredi 8 mars 2006 à 14h03
ANKARA, 8 mars 2006 (AFP) — Le ministre turc de la Justice Cemil Cicek a annoncé mercredi avoir donné son feu vert à l'ouverture d'une enquête sur un procureur qui, dans le cadre d'un attentat anti-kurde, a mis en cause un haut responsable de l'armée.
L'enquête devra examiner le bien-fondé d'un acte d'accusation controversé préparé par le procureur de Van (est), Ferhat Sarikaya, concernant un attentat commis en novembre dans une zone kurde, a affirmé le ministre, cité par l'agence Anatolie.
Ce document qui a défrayé la chronique en Turquie, pays qui souhaite adhérer à l'Union européenne et où l'armée est considérée comme l'institution la plus respectée, met en cause le commandant de l'armée de terre, le général Yasar Büyükanit.
Le général est soupçonné d'avoir créé à la fin des années 1990 une "organisation clandestine" alors qu'il était en poste dans le sud-est à majorité kurde, selon l'acte d'accusation dont l'AFP s'est procuré une copie.
Il est également soupçonné d'avoir "influencé" les autorités judiciaires par ses propos en faveur d'un sous-officier accusé d'être l'instigateur d'un attentat, le 9 novembre, qui avait fait un mort et six blessés dans une librairie de Semdinli, une localité du sud-est.
Une vague de violences avait embrasé la région à la suite de l'attentat, la population kurde réagissant à ce qu'elle percevait comme une provocation organisée par des éléments incontrôlés de l'armée.
Les accusations contre le général se basent essentiellement sur les témoignages d'un homme d'affaires local au passé obscur. Le document a provoqué l'ire de l'armée, qui lutte contre les rebelles séparatistes kurdes dans le sud-est anatolien depuis 1984.
L'opposition au parlement a évoqué une tentative de déstabiliser l'armée tandis que le gouvernement dominé par le Parti de la Justice et du Développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, a affirmé ne rien avoir à voir avec le document.
Selon les observateurs, ces accusations émanent des milieux islamistes et visent à barrer la route à la nomination cet été du général Büyükanit à la tête de l'armée.
Le général est perçu comme un faucon au sein de l'armée, qui se considère comme la gardienne des principes laïques, fondements de l'Etat turc.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.