Samedi 12 novembre 2011 à 02h55
ISTANBUL, 12 nov 2011 (AFP) — Quatre ou cinq rebelles kurdes retenaient en otages depuis plus de huit heures, tôt samedi, 24 personnes à bord d'un ferry turc dans la mer de Marmara, là où est emprisonné à vie, sur une île, le chef des rebelles Abdullah Öcalan.
Le détournement du navire, qui a commencé vendredi vers 17H00 GMT, se poursuivait à 01H45 GMT samedi. Des images de télévision montraient de loin le navire, un catamaran de transport rapide de passagers, tous feux allumés.
"Quatre ou cinq" rebelles kurdes ont pris possession du ferry Kartepe, avec à son bord 18 passagers dont cinq femmes, quatre membres d'équipage et deux stagiaires, a déclaré le ministre turc des Transports, Binali Yildirim à la presse, corrigeant les chiffres qu'il avait communiqués quelques heures plus tôt.
Les auteurs du détournement se présentent comme des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), selon lui.
"Il n'y a pas de demande. Ils disent appartenir à une branche de l'organisation terroriste, le HPG", qui est est le commandement militaire du PKK, avait précisé le ministre.
"Le ferry se trouve près de Selimpasa", dans la mer de Marmara, selon le ministre.
Les preneurs d'otages ont demandé des vivres et du carburant, une requête qui est étudiée par les autorités, a encore déclaré le ministre vers 22H00 GMT.
La télévision privée NTV a indiqué que cinq réservoirs de carburant étaient acheminés vers Tekirdag, sur la côte nord de la mer de Marmara, non loin du ferry.
Un pirate a déclaré être en possession d'une bombe et a annoncé au capitaine du ferry qu'il souhaitait que son geste soit rapporté par les médias, a déclaré le maire d'Izmit, Ismail Karaosmanoglu, qui pensait lui qu'il n'y avait qu'un seul pirate à bord.
M. Yildirim a déclaré que l'information concernant une bombe ne pouvait être confirmée.
Les télévisions turques ont filmé une personne à bord du ferry, marchant et faisant un signe, d'une des fenêtres. Il s'agirait d'un des pirates, selon les télévisions.
Le ferry assure normalement la liaison entre les villes d'Izmit et de Gölcük, sur la mer de Marmara, dans le nord-ouest de la Turquie.
Des parents des passagers du ferry attendaient angoissés, tard vendredi soir, dans les ports d'Izmir et de Gölcük, selon l'agence de presse Anatolie.
"Nous avons appris ce qui se passe par la presse. Nous n'avons pas pu téléphoner, bien qu'on ait essayé plusieurs fois", a déclaré l'un d'eux.
L'île-prison d'Imrali, sur laquelle est emprisonné à vie le chef du PKK Abdullah Öcalan, est située en mer de Marmara, à environ 120 km au sud-ouest d'Izmit, et les médias spéculaient sur une tentative d'approche de l'île par les preneurs d'otages.
Des manifestations kurdes ont lieu régulièrement en Turquie en soutien à Abdullah Öcalan, qui reste le chef du PKK en dépit de son emprisonnement.
Les mesures de sécurité "ont été renforcées autour d'Imrali", où Öcalan, "qui n'est pas autorisé à rencontrer ses avocats depuis des mois, est détenu", a affirmé l'agence de presse pro-kurde Firat.
La tension autour de la question des Kurdes, une communauté de 12 à 15 millions de personnes sur une population totale de 73 millions, a nettement augmenté ces derniers mois en Turquie.
Attentats, attaques contre la police ou l'armée, opérations militaires et arrestations en nombre de sympathisants du PKK se succèdent.
L'armée turque a ainsi lancé fin octobre une vaste offensive dans l'est du pays et en Irak du nord, où se replient les rebelles du PKK.
Mais de nombreux experts estiment que ces opérations militaires turques ont surtout pour objectif de calmer une partie de l'opinion qui réclame la manière forte contre les rebelles, sans permettre de venir à bout de la rébellion kurde.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.