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Un drone tire une roquette sur l'aéroport d'Erbil au Kurdistan d'Irak


Mercredi 14 avril 2021 à 22h55

Erbil (Irak), 14 avr 2021 (AFP) — Une roquette a visé mercredi soir l'aéroport d'Erbil, capitale du Kurdistan irakien, pour la première fois larguée depuis un drone, selon l'Intérieur kurde, une escalade inédite dans l'armement utilisé pour viser les soldats américains qui y sont postés.

L'explosion, qui a retenti dans toute la ville, n'a pas été à proprement parler revendiquée mais, comme le 15 février lorsqu'une salve de roquettes avait tué à Erbil un sous-traitant étranger de la coalition antijihadistes emmenée par Washington et un Irakien, un groupuscule obscur, "Les Gardiens du sang", s'est manifesté.

Ce groupe, un faux-nez des factions pro-Iran existant depuis des années en Irak et désormais intégrées à l'Etat, a de nouveau fait son apparition mercredi soir sur des chaînes Telegram proches des pro-Iran, se félicitant de l'explosion à Erbil. Et ce, en pleine période de tensions entre Washington et Téhéran autour de la question du nucléaire iranien.

Les accès à l'aéroport étaient bouclés en soirée mais le gouverneur a assuré que les liaisons aériennes n'étaient pas interrompues.

- "Escalade dangereuse" -

Le ministère de l'Intérieur du Kurdistan a affirmé avoir déterminé qu'"un drone chargé de TNT avait visé un QG de la coalition à l'aéroport d'Erbil".

Le projectile "n'a pas fait de victimes mais a causé des dégâts dans un bâtiment", ajoute-t-il.

De son côté, Hoshyar Zebari, ancien ministre irakien des Affaires étrangères et figure politique du Kurdistan, a accusé sur Twitter "une milice", une allusion aux factions pro-Iran dans le pays.

En octobre déjà, des centaines de partisans du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires pro-Iran désormais intégrée à l'Etat irakien, avaient incendié le siège à Bagdad du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) après des critiques de M. Zebari, membre de cette formation, au pouvoir à Erbil.

Il n'empêche, mercredi soir, M. Zebari a dénoncé "une attaque "terroriste à la roquette et au drone" visant à "saper la sécurité du Kurdistan irakien", tout en liant les deux attaques, de mercredi soir et du 15 février.

"Il semblerait que la même milice qui a visé l'aéroport il y a deux mois recommence. C'est une escalade évidente et dangereuse", a-t-il ajouté, alors que les pro-Iran multiplient les déclarations guerrières, promettant plus d'attaques encore pour déloger les soldats de "l'occupant" américain --comme le réclame un vote au Parlement à Bagdad depuis plus d'un an.

De nouveau, mercredi soir, le porte-parole d'al-Noujaba, l'une des factions les plus radicales du pays, qualifiait de "danger" les "forces d'occupation et l'ambassade (américaine) qui contrôle l'Irak, ses ressources et ses décisions".

- Attaques dans le sud -

Le contre-terrorisme kurde n'évoque qu'une seule roquette tombée sur l'aéroport.

Mais une source de sécurité irakienne a affirmé à l'AFP que d'autres roquettes s'était écrasées dans les alentours, l'une d'elle visant notamment des troupes turques, postées depuis un quart de siècle dans une dizaine de bases à travers le Kurdistan.

Plus tôt dans la journée, deux bombes ont explosé au passage de convois logistiques irakiens transportant des équipements pour la coalition internationale dans les provinces de Zi Qar et Diwaniya, dans le sud de l'Irak, selon des sources de sécurité.

Au total, une vingtaine d'attaques, à la bombe ou à la roquette, ont visé des bases abritant des soldats américains ou des représentations diplomatiques américaines depuis l'arrivée au pouvoir fin janvier de Joe Biden. Et avant celles-ci, des dizaines d'autres avaient eu lieu en plus d'un an et demi.

Il y a une semaine, la nouvelle administration américaine a repris un "dialogue stratégique" par visioconférence avec le gouvernement irakien de Moustafa al-Kazimi, régulièrement menacé par les factions armées pro-Iran.

Ennemis jurés, la République islamique d'Iran et les Etats-Unis ont tous deux une présence ou des alliés en Irak.

Washington y déploie quelque 2.500 militaires et l'Iran a entre autres le soutien du Hachd.

A chaque attaque meurtrière, Washington menace de faire "le nécessaire" et promet de faire payer le prix fort à l'Iran.

En janvier 2020, une telle spirale avait failli dégénérer en conflit ouvert en Irak, après qu'un drone américain avait tué le général iranien Qassem Soleimani à Bagdad, en riposte à la mort d'Américains en Irak.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.