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Un chef spirituel alaouite appelle à boycotter les célébrations de la chute d'Assad


Samedi 6 decembre 2025 à 20h09

Damas, 6 déc 2025 (AFP) — Un chef spirituel alaouite en Syrie a exhorté samedi les membres de sa minorité religieuse à boycotter les célébrations marquant la chute de Bachar al-Assad, pour protester contre les nouvelles autorités syriennes.

"Sous le slogan de la liberté, ils veulent imposer la célébration du remplacement d'un régime oppressif par un régime encore plus oppressif", a déclaré le dignitaire Ghazal Ghazal, président du Conseil islamique alaouite en Syrie et à l'étranger, dans un message vidéo publié sur Facebook.

Depuis fin novembre, les Syriens célèbrent le premier anniversaire de l'offensive de la coalition islamiste menée par Ahmad al-Chareh, qui avait abouti le 8 décembre au renversement du président Bachar al-Assad, après près de 14 ans de guerre.

Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

Ghazal Ghazal dénonce des "tentatives pour nous briser de la pire des façons, en procédant à des arrestations, en tuant, en massacrant, en kidnappant, en incendiant et maintenant en menaçant nos moyens de subsistance".

"Ils nous obligent à participer à des célébrations organisées sur notre sang, notre douleur, notre souffrance... et à nous taire", poursuit le dignitaire.

"Nous répondrons à leur agression par une réaction claire, pacifique et collective", précise le chef spirituel en appelant la population à rester chez elle lors d'une "grève générale" du 8 au 12 décembre pour refuser d'appuyer "une nouvelle oppression encore plus tyrannique, exclusive et cruelle".

Des milliers de personnes avaient manifesté fin novembre dans plusieurs villes de la côte syrienne pour dénoncer de récentes violences contre les alaouites, branche de l'islam chiite.

En mars, des massacres sur le littoral ont fait plus de 1.700 morts, essentiellement des alaouites, après des affrontements entre forces de sécurité et partisans de Bachar al-Assad, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni. Une commission nationale d'enquête a recensé au moins 1.426 morts, pour la plupart des civils.

La prise du pouvoir par des islamistes a renforcé les craintes des minorités syriennes.

En juillet, la province à majorité druze de Soueida avait été le théâtre de violences intercommunautaires qui avaient fait plus de 2.000 morts, d'après l'OSDH.

Samedi, l'administration kurde qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie a annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.