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Un an d'impasse politique en Irak


Mardi 11 octobre 2022 à 17h37

Bagdad, 11 oct 2022 (AFP) — L'Irak, où le Parlement doit tenir jeudi une séance consacrée à l'élection du président de la République, est dans une impasse institutionnelle depuis un an.

- Législatives anticipées -

Le 10 octobre 2021, les Irakiens votent pour des élections législatives anticipées d'un an, une initiative des autorités visant à calmer le mouvement de contestation qui a émergé fin 2019 contre la corruption endémique et l'effritement des services publics.

Le scrutin, marqué par une forte abstention, renforce l'assise parlementaire du leader chiite Moqtada Sadr.

Ses adversaires du Hachd al-Chaabi, d'anciens paramilitaires pro-Iran intégrés aux forces régulières et engagés en politique sous la bannière de l'Alliance de la conquête, enregistrent un fort recul et dénoncent une "fraude" électorale.

- Tentative d'assassinat -

Les semaines qui suivent sont marquées par des tensions larvées. Les partisans du Hachd-al-Chaabi organisent un sit-in à l'une des entrées de la Zone verte, tentant parfois de pénétrer par la force dans ce secteur ultrasécurisé de Bagdad accueillant instances gouvernementales et ambassades.

Le 5 novembre, un manifestant est tué par balles à Bagdad lors de heurts opposant les forces de sécurité à plusieurs centaines de partisans de groupes pro-Iran.

Dans la nuit du 6 au 7, le Premier ministre Moustafa al-Kazimi réchappe d'une tentative d'assassinat commise au moyen d'un "drone piégé" ayant visé sa résidence dans la Zone verte. L'attaque n'est pas revendiquée.

- Tractations -

Parallèlement, des négociations s'engagent sur la formation du gouvernement.

Les grands partis dominant la communauté chiite, majoritaire en Irak, doivent traditionnellement arriver à un compromis pour désigner un Premier ministre, indépendamment du nombre de députés.

Mais Moqtada Sadr veut rompre avec la tradition et réclame un gouvernement composé des formations politiques ayant obtenu les scores les plus élevés, affirmant que le futur Premier ministre sera désigné par son courant avec le soutien de ses alliés sunnites et kurdes.

Jusqu'à la désignation de son successeur, le Premier ministre Moustafa al-Kazimi est chargé d'expédier les affaires courantes.

- Résultats définitifs -

Le 30 novembre, les résultats définitifs des élections confirment la victoire du courant sadriste, qui devient le premier bloc au parlement.

L'Alliance de la conquête remporte 17 sièges contre 48 dans l'assemblée sortante. Son allié, une coalition emmenée par l'ex-Premier ministre Nouri al-Maliki, dispose toutefois de 33 députés.

- Séance inaugurale houleuse -

Le 9 janvier 2022, le nouveau Parlement réélit son président, le sunnite Mohammed al-Halboussi, lors d'une séance inaugurale marquée par des altercations entre députés.

Son élection est boycottée par le Cadre de coordination, alliance qui regroupe plusieurs partis autour des pro-Iran de l'Alliance de la conquête.

- Echecs de l'élection du président -

Le 7 février, puis les 26 et 30 mars, le Parlement échoue, faute de quorum, à organiser l'élection du président de la République, un poste largement honorifique et traditionnellement réservé à un Kurde. Une nouvelle tentative doit avoir lieu le 13 octobre.

- Démission des sadristes -

Le 10 juin, les 73 députés sadristes démissionnent afin de faire pression pour qu'avance la formation du gouvernement.

Le Cadre de coordination devient la première force dans l'hémicycle.

- Candidat désigné -

Le 25 juillet, Mohamed Chia al-Soudani, ancien ministre et ex-gouverneur de province âgé de 52 ans, est choisi comme candidat au poste de Premier ministre par le Cadre de coordination.

- Invasion du Parlement -

Le 27 juillet, des partisans de Moqtada Sadr prennent brièvement d'assaut le Parlement situé dans la Zone verte, avant d'installer à ses abords un sit-in qui durera environ un mois. Adepte des coups d'éclat, le leader chiite réclame le 3 août la dissolution du Parlement et des élections législatives anticipées.

Le 12, les partisans du Cadre de coordination entament à leur tour un sit-in à Bagdad pour "accélérer la formation du gouvernement".

- Sadr se retire -

Le 29 août, Moqtada Sadr annonce son "retrait définitif" de la politique et la fermeture de toutes les institutions liées à son mouvement.

Des milliers de ses partisans envahissent le siège du gouvernement dans la Zone Verte, avant de se retirer à l'appel de Sadr. Au moins 30 d'entre eux sont tués dans des combats avec des factions chiites rivales.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.