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Turquie: une télévision d'opposition ferme après 26 jours


Samedi 26 decembre 2020 à 12h13

Istanbul, 26 déc 2020 (AFP) — Une télévision privée turque qui avait relayé le point de vue de l'opposition pro-kurde a annoncé avoir dû fermer, moins d'un mois après ses débuts en Turquie, pays régulièrement épinglé pour ses atteintes à la liberté de la presse.

Olay TV, appartenant majoritairement à l'homme d'affaire et ancien ministre Cavit Caglar, avait commencé à émettre le 30 novembre, et a dû cesser ses programmes vendredi. Cette fermeture a été annoncée en direct sur la chaîne.

M. Caglar a dit avoir pris la décision de retirer son investissement car la ligne éditoriale de la chaîne était trop proche de l'opposition pro-kurde, mais le rédacteur en chef de la chaîne l'accuse d'avoir tout simplement cédé à la pression du gouvernement.

Le directeur exécutif de la chaîne, Suleyman Sarilar, a expliqué que celle-ci avait chercher à maintenir "l'équilibre entre tous les segments de la société turque".

"Mais nous avons vu que nous ne pouvons poursuivre ce genre de diffusion... Cavit (Caglar) a dit qu'il subissait une pression intense du gouvernement, et qu'il ne pouvait pas continuer", a-t-il déclaré. La chaîne a cessé d'émettre après son discours.

M. Caglar quant à lui a accusé dans un communiqué Olay TV d'avoir abandonné son impartialité et d'être "trop proches de la ligne du (parti pro-kurde) HDP", que le gouvernment accuse d'être une "vitrine politique" du PKK, chef de file de la guérilla kurde en Turquie depuis 1984.

"Je suis actif en politique en centre-droite et j'ai servi mon pays, et j'ai été déstabilisé par les journaux de la rédaction d'Olay TV. J'en ai parlé à mon partenaire, et je lui ai proposé de rétablir l'équilibre en faisant entrer d'autres journalistes dans la chaîne", a-t-il expliqué.

"Quand il a refusé, je l'ai informé que je ne pouvais continuer et devais me retirer", a-t-il conclu.

La Turquie est fréquemment critiquée pour ses entraves à la liberté de la presse, et est l'un des pires pays au monde pour ce qui est de l'emprisonnement des journalistes, classé par Reporters sans Frontières au 154ème rang sur 180 pays.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.