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Turquie: une députée kurde demande un référendum sur l'avenir des Kurdes


Jeudi 29 decembre 2011 à 08h45

ANKARA, 29 déc 2011 (AFP) — La députée du parlement turc et figure emblématique de la cause kurde, Leyla Zana, demande l'organisation d'un référendum en Turquie sur l'avenir du peuple kurde dans un entretien au site internet kurde Rudaw, rapporte jeudi la presse turque.

"Les Kurdes doivent pouvoir se prononcer sur leur avenir sur leur propre terre", a déclaré Leyla Zana dans un entretien mardi en Allemagne au site internet kurde Rudaw, proposant un vote pour l'auto-détermination des Kurdes.

"Au début, nous demandions l'autonomie. Aujourd'hui, les Kurdes pensent que cela ne suffit plus", a-t-elle affirmé.

Interrogé sur la question de savoir si la Turquie, catégoriquement opposée à toute visée indépendantiste des Kurdes, serait favorable à une telle initiative, Mme Zana a déclaré: "Je pense que oui (...) La question kurde doit être réglée".

La Turquie a mis en oeuvre ces dix dernières années d'importantes réformes démocratiques en faveur des Kurdes, dont la population est estimée à 12 millions sur 73 millions d'habitants.

"Les Kurdes doivent pouvoir décider de leur avenir comme toute autre nation du monde et le monde doit accepter cet état de choses", a-t-elle affirmé.

La députée kurde a cité le cas du Québec, la province francophone du Canada, qui a voté à deux reprises, en 1980 et 1995, contre sa séparation du reste du pays.

"Le peuple du Québec peut s'exprimer par la voie d'élections. C'est la décision du peuple et personne ne peut y manquer de respect", a ajouté Mme Zana, lauréate en 1995 du prix Sakharov du Parlement européen pour la liberté de pensée.

Leyla Zana, considérée comme la figure de proue du militantisme kurde, a été emprisonnée et interdite de politique pendant dix ans de 1994 à 2004 pour collusion avec les rebelles séparatistes de Turquie.

L'opposition au Parlement a dénoncé ses propos.

Les déclarations de la militante kurde interviennent alors que le conflit kurde connaît une nouvelle flambée de violences avec une multiplication des attaques des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit), mouvement qui figure dans la liste terroriste de nombre de pays. Le conflit a fait plus de 45.000 victimes depuis 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.