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Turquie: un procureur réclame l'interdiction du parti prokurde HDP


Mardi 10 janvier 2023 à 10h56

Istanbul, 10 jan 2023 (AFP) — Un procureur a réclamé mardi devant la Cour constitutionnelle turque l'interdiction du parti prokurde HDP pour "terrorisme", à quelques mois des élections présidentielle et législatives.

Le procureur général de la Cour de cassation accuse le Parti démocratique des peuples (HDP), troisième formation politique au Parlement turc, d'être lié "de façon organique" au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé qualifié de "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

"Ils opèrent presque comme un bureau de recrutement" du PKK, a affirmé le procureur Bekir Sahin à la presse à sa sortie de la Cour constitutionnelle, selon l'agence de presse étatique Anadolu.

Le HDP, qui dément être lié au PKK, dispose d'un délai minimal d'un mois pour présenter une défense orale, a expliqué à l'AFP un porte-parole du parti.

Une majorité des deux tiers des 15 membres de la Cour constitutionnelle est nécessaire pour acter la fermeture du principal parti pro-kurde.

Jeudi, la Cour constitutionnelle turque avait déjà décidé, par huit voix contre sept, de suspendre les aides publiques au HDP.

539 millions de livres turques (28,7 millions de dollars) devaient être accordés par l'Etat turc au HDP cette année, dont un tiers avant le 10 janvier.

Le parti dispose là encore d'un délai minimal d'un mois pour préparer sa défense. Il a qualifié cette décision de "détournement du droit".

Le HDP, qui a remporté 12% des suffrages aux dernières élections générales, est considéré par certains analystes comme le "faiseur de rois" de la prochaine présidentielle, prévue au printemps.

Bête noire du président turc Recep Tayyip Erdogan depuis qu'il a contribué à le priver de sa majorité parlementaire en 2015, le HDP a fait l'objet d'une répression implacable depuis 2016, année où son chef de file Selahattin Demirtas a été arrêté et reste emprisonné.

Nombre de responsables et de sympathisants du HDP ont été également arrêtés, et des dizaines de maires HDP élus dans le sud-est majoritairement kurde de la Turquie ont été remplacés par des administrateurs nommés par le gouvernement.

La procédure d'interdiction du parti avait été lancée en mars 2021. Les critiques contre le HDP avaient redoublé d'intensité le mois précédent, après une intervention militaire turque avortée visant à secourir 13 otages aux mains du PKK en Irak, qui s'était soldée par la mort de tous les prisonniers.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.