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Turquie: un Nouvel An kurde en forme de protestation


Dimanche 21 mars 2021 à 14h47

Diyarbakir (Turquie), 21 mars 2021 (AFP) — Plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dimanche à Diyarbakir, grande ville du sud-est de la Turquie, pour fêter le Nouvel An kurde et dénoncer la répression contre un parti d'opposition prokurde menacé de fermeture.

Pour célébrer le Nouvel An appelé Norouz, ou Newroz, en kurde, les participants ont sauté par-dessus des feux de joie et dansé de façon traditionnelle aux battements de tambours, selon des journalistes de l'AFP.

Mais à ces festivités habituelles se sont ajoutées cette année des protestations, quelques jours après la décision des autorités turques de réclamer l'interdiction du Parti démocratique des peuples (HDP), principale formation politique prokurde du pays.

Quelques heures avant les célébrations, les autorités turques ont brièvement arrêté, à Ankara, un haut responsable du HDP, Faruk Gergerlioglu, qui avait été déchu de son mandat mercredi.

"Le HDP, c'est le peuple et le peuple est ici !", a scandé la foule de Diyarbakir en agitant des fanions aux couleurs de ce parti.

Si le HDP est interdit, "un autre parti le remplacera. Cela ne changera rien. Les Kurdes, ceux qui ont de l'honneur, soutiendront cette cause jusqu'à la mort", a déclaré à l'AFP l'un des participants au rassemblement, Yusuf Celik.

"Un parti veut faire interdire un autre parti pour rester au pouvoir. Ce n'est ni moral, ni humain. Personne ne doit accepter cela", a abondé un autre manifestant, Mürsel Bakir.

La répression contre le HDP était aussi au coeur des célébrations de Norouz qui se sont déroulées samedi à Istanbul.

"Ces efforts visant à fermer (le HDP) sont la preuve que le gouvernement est fini, sur le point de s'effondrer", a estimé lors de ce rassemblement une co-présidente du parti, Pervin Buldan.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan affirme que le HDP, troisième plus grand parti de Turquie, est la "vitrine politique" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qui livre une sanglante guérilla contre Ankara et est qualifié de "terroriste" par plusieurs pays.

Mais le HDP rejette ces accusations et affirme que le gouvernement cherche à lui faire payer son opposition farouche et à l'évincer avant les prochaines élections générales prévues en 2023.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.