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Turquie: un manifestant tué au cours d'un rassemblement kurde (police)


Lundi 20 octobre 2008 à 16h36

ANKARA, 20 oct 2008 (AFP) — Un manifestant a été tué lundi dans l'est de la Turquie au cours d'affrontements entre la police et des manifestants kurdes qui protestaient contre l'emprisonnement de leur dirigeant historique Abdullah Öcalan, ont rapporté des responsables et des médias turcs.

Des protestataires kurdes ont également accueilli le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan à Diyarbakir, à son arrivée dans la plus grande ville du sud-est du pays à majorité kurde, plus tard dans la journée pour une visite de vingt quatre heures.

"Une personne est décédée", a déclaré à l'AFP un responsable policier joint par téléphone. Il n'a donné aucune autre précision sur ces affrontements qui se sont déroulés à Dogubayazit, dans l'est de la Turquie.

Selon l'agence turque Anatolie, les affrontements ont éclaté lorsque les manifestants, scandant des slogans en faveur d'Öcalan et de son parti (le PKK, interdit), ont tenté d'avancer, refusant d'obéir aux ordres de dispersion de la police.

Les manifestants ont jeté des pierres aux policiers qui ont riposté en tirant en l'air et en faisant usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau, selon l'agence.

Les circonstances dans lesquelles le manifestant a été tué n'étaient pas clairement établies, des informations non confirmées indiquant qu'il avait été tué par balles.

Des heurts s'étaient déjà produits entre manifestants et police ce week-end dans le sud-est, faisant deux blessés.

Les avocats du chef du PKK ont affirmé vendredi que leur client avait été récemment maltraité par ses gardiens de l'île-prison d'Imrali (nord-ouest) où il est le seul détenu depuis 1999. Le ministre de la Justice, Mehmet Ali Sahin, a nié dimanche ces allégations.

Lundi, les violences ont gagné Diyarbakir, où M. Erdogan est arrivé pour assister à l'ouverture de l'année académique à l'université locale et pour inaugurer un centre médical.

Au moins 20 personnes ont été interpellées alors que des centaines de manifestants kurdes se sont rassemblées dans les rues, scandant des slogans pro-Kurdes, lançant des pierres sur la police et des cocktails Molotov sur les écoles.

La police, avec l'appui des unités anti-émeutes des provinces voisines, a eu recours à des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires alors que des véhicules blindés patrouillaient dans les rues, survolées par des hélicoptères.

Le Premier ministre a accusé les rebelles du PKK de chercher "à saboter" les efforts du gouvernement pour promouvoir les droits et le bien-être de la communauté kurde.

"En dépit de toutes les provocations de l'organisation terroriste, la Turquie ne fera de concessions ni sur la sécurité, ni sur les libertés ni sur les droits de l'homme", a-t-il déclaré dans un discours prononcé à l'université Dicle.

"Le processus en vue de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne se poursuit", a-t-il ajouté. Processus qui s'est traduit par une plus grande liberté dans le domaine culturel pour les Kurdes.

M. Erdogan a assuré que la télévision publique TRT lancerait bientôt une chaîne spéciale en langue kurde, une promesse que le gouvernement avait faite en mars à la communauté kurde.

Öcalan a été arrêté le 15 février 1999 au Kenya. Condamné à mort, sa peine a été commuée en prison à vie en 2002 après l'abolition de la peine capitale en Turquie.

Quelque 44.000 personnes ont été tuées dans les affrontements entre les rebelles kurdes et les forces de sécurité depuis 1984, date à laquelle le PKK, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, a déclenché son insurrection.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.