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Turquie: Un manifestant kurde tué par des tirs de la police (responsable kurde)


Mercredi 20 avril 2011 à 23h30

BISMIL (Turquie), 20 avr 2011 (AFP) — Un manifestant kurde a été tué et plusieurs autres ont été blessés mercredi par des tirs de la police au cours d'un rassemblement dans le sud-est de la Turquie pour dénoncer l'éviction de candidats kurdes aux prochaines législatives, a affirmé le chef d'un parti pro-kurde.

Selon Selahattin Demirtas, dirigeant du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), la principale formation représentant les Kurdes de Turquie, les policiers ont ouvert le feu sur les manifestants à Bismil, dans la province de Diyarbakir, tuant l'un d'eux et en blessant plusieurs.

Cité par l'agence Anatolie, M. Demirtas a ajouté avoir annulé une rencontre qu'il devait avoir mercredi soir à Ankara avec le chef de l'Etat, Abdullah Gül, afin de trouver une solution après le refus des autorités électorales d'enregistrer sept candidats indépendants proches de son parti.

Le gouvernement local a déclaré dans un communiqué que la police avait fait face à une "volée intense" de cocktails Molotov, de pierres et d'engins de feux d'artifice de la part d'une foule de quelque 800 manifestants. Le communiqué n'a pas précisé la cause de la mort du manifestant.

Deux des trois blessés se trouvent dans un état grave, selon Anatolie.

L'agence a confirmé le décès d'un homme de 26 ans au cours de heurts entre manifestants qui jetaient des pierres et des cocktails Molotov en direction des forces de sécurité, et la police qui a eu recours à des grenades lacrymogènes et des canons à eau.

Une source médicale a indiqué à l'AFP que le corps d'un manifestant âgé d'une vingtaine d'années touché à la poitrine avait été transféré pour autopsie dans un hôpital de Diyarbakir, la principale ville du sud-est anatolien peuplé en majorité de Kurdes.

Un témoin des affrontements a déclaré à l'AFP que la police avait ouvert le feu sur les manifestants d'abord avec des balles en plastiques, puis à balles réelles.

Des manifestants ont envahi le siège local du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir et y ont mis le feu, précise Anatolie en ajoutant qu'il y avait d'importants dégâts matériels mais pas de victimes.

La tension était encore vive à Bismil, où le bilan des blessés est passé à quatre. L'armée a été déployée à proximité des bâtiments officiels et la plupart des magasins et des bureaux étaient fermés, a constaté un correspondant de l'AFP.

Des heurts ont également eu lieu à Diyarbakir, où les manifestants ont scandé "vengeance, vengeance" et fait l'apologie des rebelles kurdes en lutte armée contre les forces d'Ankara depuis 1984. Quatre manifestants ont été blessés et 16 arrêtés, selon des sources sécuritaires locales.

A Diyarbakir, un chauffeur de bus a été grièvement blessé dans l'incendie de son véhicule provoqué par un cocktail Molotov, ont précisé des sources hospitalières.

Depuis mardi, de violents incidents se sont produits à Istanbul et dans le sud-est pour dénoncer l'interdiction des candidats présentés par le BDP.

Mercredi, au moins quatre des candidats évincés, dont la célèbre militante Leyla Zana qui a passé dix ans en prison pour collusion avec la rébellion kurde, ont fait appel de la décision des autorités électorales.

Kirdar Özsoylu, vice-président du Haut conseil électoral (YSK) à l'origine de la décision controversée, officiellement prise en raison des antécédents judiciaires de ces candidats, a tenté mercredi de calmer les esprits.

"J'espère que notre conseil va trancher en faveur des droits fondamentaux et des droits démocratiques", a déclaré M. Özsoylu, cité par Anatolie, ajoutant que le YSK allait commencer jeudi à rééxaminer les dossiers de candidature.

Le BDP a menacé de boycotter les prochaines législatives.

Pour obtenir un siège au parlement, un parti doit recueillir au minimum 10% des suffrages exprimés à l'échelle nationale, une règle controversée que le parti favorable aux Kurdes contourne en présentant des candidats indépendants.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.