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Turquie: Un manifestant kurde tué par des tirs de la police (responsable kurde)


Mercredi 20 avril 2011 à 15h56

DIYARBAKIR (Turquie), 20 avr 2011 (AFP) — Un manifestant kurde a été tué et plusieurs autres blessés mercredi par des tirs de la police à Diyarbakir (sud-est) lors d'un rassemblement pour dénoncer l'éviction de candidats kurdes aux prochaines élections législatives, a affirmé le chef d'un parti pro-Kurde.

Une source médicale a indiqué à l'AFP que le corps d'un manifestant âgé d'une vingtaine d'années touché à la poitrine avait été transféré dans un hôpital de Diyarbakir pour une autopsie.

Les faits se sont produits dans la petite ville de Bismil, qui dépend de Diyarbakir, la plus importante province du sud-est turc, peuplé majoritairement de Kurdes.

Les autorités officielles locales ont parlé de deux blessés.

Selon Selahattin Demirtas, dirigeant du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), principale force représentant la communauté kurde de Turquie, cité par l'agence de presse Anatolie, les policiers ont ouvert le feu sur les manifestants, tuant l'un d'eux et en blessant plusieurs.

M. Demirtas a ajouté avoir annulé une rencontre qu'il devait avoir mercredi soir avec le chef de l'Etat, Abdullah Gül, à Ankara, afin de trouver une solution à la question de l'invalidation par les autorités électorales de sept candidats présentés sur une liste indépendante de son parti.

Depuis mardi, de violents incidents se sont produits à Istanbul et dans le sud-est pour dénoncer l'interdiction des candidats présentés par le BDP, dont des figures emblématiques de la défense de la cause kurde.

Avant cet incident meurtrier, la situation semblait pourtant se dénouer, les candidats évincés ayant fait appel dans la journée de la décision les concernant.

Le Haut conseil électoral (YSK), à l'origine de la décision controversée, prise en raison des antécédents judiciaires de ces candidats, devrait revenir sur sa décision, a révélé la presse, citant sans les nommer des membres du YSK.

Parmi ces candidats figure la célèbre militante Leyla Zana, qui a passé 10 ans en prison pour collusion avec la rébellion kurde, active depuis 1984 dans le Sud-Est anatolien.

Le BDP a menacé de boycotter le scrutin.

Mercredi de nouvelles échauffourées se sont produites à Diyarbakir entre des jeunes manifestants et les forces de l'ordre, faisant au moins quatre blessés, a constaté un correspondant de l'AFP.

La police a procédé à une intervention musclée contre les manifestants qui criaient "Vengeance, vengeance" et louaient le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit), en lutte armée contre les forces d'Ankara depuis 1984.

Seize d'entre-eux ont été arrêtés.

Un parti n'obtient aucun siège au parlement s'il ne recueille pas au minimum 10% des suffrages exprimés à l'échelle nationale. Le parti favorable aux Kurdes préfère ainsi présenter des candidats indépendants pour contourner cette règle controversée.

Si les Kurdes boycottent les urnes, cela laissera le champ libre, dans le Sud-Est, aux candidats du pouvoir islamo-conservateur.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.