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Turquie: un journaliste TV condamné pour "propagande terroriste" mais libéré


Mercredi 4 octobre 2023 à 16h17

Istanbul, 4 oct 2023 (AFP) — Le rédacteur en chef d'une chaîne de télévision privée turque a été condamné mercredi pour "propagande terroriste" pour ses commentaires sur le leader kurde emprisonné Abdullah Öcalan, mais libéré de prison dans le cadre d'un aménagement de peine, ont rapporté les médias turcs.

Chroniqueur et rédacteur en chef de la chaîne d'opposition Tele 1, Merdan Yanardag était détenu depuis le 27 juin, accusé d'avoir tenu à l'antenne des propos assimilables à de la "propagande terroriste" et d'avoir fait "l'apologie de criminels".

Un tribunal d'Istanbul l'a condamné mercredi à deux ans et demi de prison mais a ordonné sa libération en vertu d'un aménagement de peine, a indiqué la chaîne Tele 1, affirmant que son journaliste est victime d'un "complot".

"Je n'ai jamais fait l'éloge ou la propagande d'une organisation terroriste. La seule chose que j'ai faite pendant cette émission de 50 minutes a été de critiquer les politiques de l'AKP", le Parti de la justice et du développement, au pouvoir, s'est défendu le journaliste au cours de l'audience, selon la plateforme de défense de la liberté d'expression P24.

Des défenseurs des droits de l'homme avaient appelé la justice turque à mettre fin à sa détention, devenue selon eux "une attaque contre tous les journalistes critiques".

"C'est une honte pour le pouvoir et notre pays de maintenir un journaliste en détention depuis des mois seulement pour avoir exprimé ses opinions", avait affirmé à la presse avant l'audience le président de l'Association turque des journalistes, Nazmi Bilgin.

Pendant l'émission qui lui a valu son arrestation, M. Yanardag s'était demandé pourquoi Abdullah Öcalan, dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), était depuis 1999 à l'isolement dans une prison d'une île de la mer de Marmara, au sud d'Istanbul.

"L'isolement qu'il subit n'a aucune place dans la loi. Il doit être levé", avait-il déclaré.

Arrêté quelques heures après avoir tenu ces propos, il avait été inculpé dès le lendemain.

Merdan Yanardag avait aussi critiqué la proposition d'un député AKP de relancer un processus de paix qui avait eu lieu en 2013-2015 avec le PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara et l'Union européenne (UE).

"Vous le gardez en otage et vous négociez avec lui", avait-il lancé.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.