Vendredi 29 septembre 2023 à 23h18
Ankara, 29 sept 2023 (AFP) — Un festival international de cinéma de Turquie a été annulé à la suite d'une controverse autour d'un documentaire sur les purges qui ont suivi le coup d'Etat avorté de 2016, ont annoncé vendredi les autorités.
"Je dois informer avec regret tous les cinéphiles que nous avons annulé notre festival qui devait avoir lieu entre le 7-14 octobre à cause des développements externes", a affirmé le maire d'Antalya, dans le sud du pays, en charge de l'organisation du festival Altin Portakal ("Orange d'or" en turc), dans un vidéo partagé sur le réseau social X (ex-Twitter).
Au coeur de la controverse, le film documentaire "Le Décret" qui raconte l'histoire d'un médecin et d'un enseignant, tous les deux purgés dans la vague de répression qui a suivi la tentative de coup d'Etat de 2016 contre le président turc Recep Tayyip Erdogan.
D'abord sélectionné, le film a ensuite été exclu la semaine dernière de la compétition, provoquant le tollé de nombreux cinéastes qui ont dénoncé une "censure".
"Nous rejetons l'approche qui cherche des éléments à charge dans un film et la normalisation de la censure", ont déclaré l'ensemble des membres des jurys du festival, menaçant de se retirer si le fil n'était pas réadmis, dans un communiqué.
Le festival a alors dans un premier temps fait marche arrière, en réintégrant le film dans la compétition.
Mais il l'a exclu à nouveau à la suite de la dénonciaton du film par le ministère de la Culture, qui a par ailleurs retiré son soutien du festival, de "propagande" du prédicateur Fethullah Gülen qu'Ankara accuse d'avoir fomenté la tentative de coup d'Etat en 2016.
"Des accusations d'éloge de Feto (acronyme utilisé par Ankara pour désigner le mouvement güléniste) ou de terrorisme sont incensés", a de son côté réagi la réalisatrice du film Nejla Demirci.
Organisé depuis 1964, l'Orange d'Or est un des plus grands festivals de cinéma de Turquie, considéré comme l'équivalent local du festival de Cannes.
Le putsch manqué du 15 juillet 2016 avait été suivi de purges d'une ampleur sans précédent en Turquie contre les partisans présumés du mouvement Gülen, mais aussi contre des opposants kurdes, des militaires, des intellectuels ou des journalistes.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.