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Turquie: un député déchu de son mandat saisit la Cour constitutionnelle


Mardi 23 mars 2021 à 12h28

Ankara, 23 mars 2021 (AFP) — Un député prokurde déchu de son mandat a annoncé avoir fait appel mardi auprès de la Cour constitutionnelle contre cette décision qui pourrait ouvrir la voie à son incarcération.

"J'ai été déchu de mon mandat et je risque la prison alors que je n'ai commis aucun crime. (...) Mais il existe un dernier espoir. La Cour constitutionnelle peut dire stop à cette farce", a déclaré le député, Ömer Faruk Gergerlioglu, lors d'une conférence de presse devant le siège de la Cour à Ankara.

Connu pour ses combats en faveur des droits humains, M. Gergerlioglu a été déchu de son mandat mercredi par le Parlement après la confirmation par la justice d'une condamnation à deux ans et demi de prison pour "propagande terroriste".

Le député, dont la destitution a été condamnée par plusieurs ONG et pays occidentaux, rejette ces accusations.

"Est-ce qu'on me fait subir ces supplices parce que j'ai critiqué les violations des droits de l'homme?", s'est-il exclamé mardi.

Pour protester contre sa destitution, M. Gergerlioglu avait d'abord refusé de quitter le Parlement, dormant et mangeant dans une salle du bâtiment officiel.

Mais il a été interpellé dimanche par les forces de l'ordre avant d'être relâché. Il risque cependant toujours la prison et a reçu lundi une assignation pour se rendre aux autorités sous dizaine.

Plusieurs députés prokurdes ont été arrêtés au cours de cette "décennie noire" marquée par l'intensification du conflit kurde dans le sud-est de la Turquie et une répression intense des milieux prokurdes.

Le HDP, le troisième plus grand parti du pays, fait l'objet d'une implacable répression depuis 2016 avec l'arrestation de plusieurs de ses élus et de ses dirigeants, dont le charismatique Selahattin Demirtas.

Le jour de la destitution de M. Gergerlioglu, les autorités turques ont réclamé l'interdiction du HDP, l'accusant d'être étroitement lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le plus haut tribunal turc doit se prononcer sur ce dossier dans les prochaines semaines.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.