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Turquie: Troubles Kurdes après le refus de leurs candidats aux élections


Mardi 19 avril 2011 à 15h30

DIYARBAKIR (Turquie), 19 avr 2011 (AFP) — De violents incidents ont éclaté mardi dans plusieurs villes de Turquie entre manifestants kurdes et la police après une décision des autorités électorales d'interdire à des candidats kurdes de se représenter aux législatives, prévues le 12 juin, a constaté l'AFP.

Le principal parti pro-kurde de Turquie BDP a menacé de boycotter le scrutin après le rejet lundi soir par le Haut conseil électoral (YSK) de plusieurs de ses candidats dont la célèbre militante activiste kurde, Leyla Zana.

Les heurts ont opposé les manifestants kurdes qui protestaient contre ce refus à la police à Diyarbakir, principale ville du sud-est anatolien, peuplé majoritairement de Kurdes.

Quelque 4.000 manifestants qui scandaient notamment "Vive le président Apo (surnom d'Abdullah Öcalan, chef emprisonné de la rébellion kurde)", ont lancé des pierres contre la police anti-émeutes qui a riposté avec des bombes lacrymogènes et des canons à eau.

Une vingtaine de manifestants ont été arrêtés.

A Istanbul, première métropole turque, la police est intervenue pour disperser plusieurs centaines de manifestants après un sit-in sur la place centrale de Taksim, selon une journaliste de l'AFP sur place.

Des groupes de jeunes ont attaqué des stations de métro, des bâtiments scolaires et un bureau de poste à coups de pierres et de cocktails Molotov, prenant également pour cibles des bus, des voitures, des véhicules de pompiers et des journalistes, les forces de sécurité réagissant avec des grenades lacrymogènes.

Une manifestation similaire a eu lieu à Van (est), a rapporté l'agence de presse Anatolie, faisant état de "plusieurs blessés".

"C'est une décision fasciste. Nous ne pouvons prendre part à une élection injuste, antidémocratique", a réagi le chef du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), Selahattin Demirtas, sur la chaîne d'information NTV.

M. Demirtas a indiqué que toutes les options étaient envisagées y compris un retrait de tous les candidats présentés par sa formation mais sur des listes indépendantes.

Les petites formations présentent en effet des candidats indépendants pour faire élire des députés car un parti doit au minimum obtenir 10% des suffrages exprimés à l'échelle nationale pour se faire représenter au Parlement.

Le YSK a rejeté la candidature de 12 candidats dont sept présentés par le BDP au motif de leur casier judiciaire notamment.

Parmi eux figure Mme Zana, lauréate du Prix Sakharov des droits de l'Homme du Parlement européen, et Hatip Dicle, deux ex-députés kurdes qui ont passé une décennie en prison (1994-2004), pour collusion avec la rébellion kurde.

M. Demirtas a exhorté les autorités à reporter les élections parlementaires. Le principal parti d'opposition, le parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a pour sa part proposé que le Parlement, actuellement en vacances, se réunisse d'urgence pour discuter de cette question.

Les candidats refusés disposent en principe d'un droit d'appel.

La disqualification des candidats du BDP devrait profiter au Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir, qui dispose d'une importante popularité dans le sud-est turc, zone pauvre et théâtre depuis 1984 de la rébellion armée du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.