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Turquie: trois militantes mortes faute de soin dans le sud-est, accuse le parti prokurde


Mercredi 6 janvier 2016 à 15h21

Diyarbakir (Turquie), 6 jan 2016 (AFP) — Trois militantes kurdes blessées lors des combats qui opposent les forces de sécurité turques à des partisans de la rébellion dans le sud-est de la Turquie sont mortes faute de soins, a accusé mercredi le principal parti prokurde du pays.

Selon Leyla Birlik, députée du Parti démocratique des peuples (HDP), ces trois femmes ainsi qu'un homme ont été grièvement blessés dans la ville sous couvre-feu de Silopi mais n'ont pas pu être évacués pour être hospitalisés, faute d'un feu vert des autorités.

"Ces trois femmes et l'homme ont été blessés lundi en soirée. Elles ont appelé pour dire +on est blessé, on perd du sang, il faut nous évacuer+ mais n'ont eu aucune réponse", a affirmé à l'AFP Leyla Birlik, élue de la région de Sirnak, précisant que le HDP avait demandé en vain aux autorités de les évacuer.

Le parti, qui a identifié les trois femmes tuées comme Seve Demir, Pakize Nayir et Fatma Uyar, n'a pas précisé les circonstances dans lesquelles elles ont été blessées.

Comme la ville voisine de Cizre, Silopi a été placée le 14 décembre sous couvre-feu au début d'une vaste offensive lancée par l'armée pour éliminer les jeunes partisans du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui y défient les autorités en installant des barricades et des tranchées.

Ces affrontements ont fait plusieurs victimes dans les rangs de l'armée et la police. L'état-major affirme de son côté avoir "éliminé" plus de 200 "terroristes", alors que le HDP évoque la mort de nombreux civils dans les deux cités.

Après plus de deux ans de cessez-le-feu, les hostilités ont repris l'été dernier entre les forces de sécurité turques et le PKK, faisant voler en éclats les pourparlers de paix engagés en 2012 pour mettre un terme à un conflit qui a fait 40.000 morts depuis 1984.

Mercredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en est une nouvelle fois pris au HDP et à ses dirigeants, partisans d'une autonomie pour la minorité kurde de Turquie.

"Je suis opposé à l'interdiction d'un parti politique mais les personnes coupables de crime constitutionnel doivent en payer le prix", a-t-il jugé, "la Turquie n'a pas de problème kurde mais un problème de terrorisme".

Les deux coprésidents du HDP, Figen Yuksekdag et Selahattin Demirtas, sont visés par une procédure judiciaire pour leurs déclarations en faveur de l'autonomie et M. Erodgan s'est clairement prononcé pour la levée de leur immunité parlementaire.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.