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Turquie : tensions après la destitution d'un maire prokurde


Mardi 4 juin 2024 à 16h27

Diyarbakir (Turquie), 4 juin 2024 (AFP) — Plusieurs manifestants qui protestaient mardi contre la destitution la veille du maire prokurde de Hakkari, ville du sud-est de la Turquie, ont selon des témoins été blessés et placés en détention à la suite d'une intervention des forces de l'ordre.

Il s'agit de la première destitution d'un maire prokurde depuis les élections municipales du 31 mars, au cours desquelles le parti DEM a obtenu 77 municipalités à travers la Turquie.

Des témoins oculaires ont fait état auprès de l'AFP d'arrestations et de blessés lors d'une manifestation dans la ville où l'édile, accusé d'"appartenance à une organisation armée terroriste", a été placé en garde à vue et remplacé par un gouverneur.

La police est intervenue en tirant des balles en caoutchouc contre des membres du parti du maire prokurde DEM et des habitants, selon le média d'opposition Medyascope.

Les manifestants se sont rassemblés pour contester la révocation du maire Mehmet Siddik Akis malgré l'interdiction de toute manifestation pour dix jours décrétée par le gouverneur.

La destitution du maire suscite une vague de réprobation au sein de l'opposition.

Une délégation de parlementaires et de dirigeants du parti DEM (ex-HDP), la troisième force au Parlement, s'est rendue à Hakkari lundi.

Le CHP, principal parti d'opposition, social démocrate, a exprimé lundi son soutien à l'édile destitué et envoyé une délégation à Hakkari.

Une cinquantaine de maires du parti prokurde élus en 2019 avaient été remplacés par des administrateurs, des "kayyums", nommés par l'Etat.

Le DEM est régulièrement accusé par le gouvernement turc de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe armé considéré comme terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, ce que ce parti dément.

L'ancien coprésident de cette formation, Selahattin Demirtas, incarcéré depuis 2016, a été condamné en mai à 42 ans de prison, notamment pour atteinte à l'unité de l'Etat.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.