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Turquie/PKK : un responsable turc confirme des négociations avec Öcalan


Mardi 31 decembre 2013 à 18h07

ISTANBUL, 31 déc 2012 (AFP) — Un responsable turc a confirmé lundi une information de presse faisant état de discussions entre les services secrets turcs et le chef emprisonné des rebelles kurdes, Abdullah Öcalan, avec pour objectif le désarmement de l'organisation.

"Ce sont les services de renseignement qui sont en pourparlers avec lui (...) L'objectif est le désarmement du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, interdit). Tout dialogue en ce sens qui peut aboutir à un arrêt des violences est soutenu par le gouvernement", a déclaré Yalçin Akdogan, principal conseiller politique du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan.

M. Akdogan, qui s'exprimait sur la chaîne de télévision d'information NTV, a estimé qu'"Öcalan était toujours l'acteur principal" pour régler le conflit kurde qui perdure depuis 1984, tout en émettant un doute sur son influence sur les quelque 2.000 militants retranchés dans le nord de l'Irak, d'où ils attaquent la Turquie.

"Il faut voir comment Qandil (localité irakienne où se trouve le commandement militaire du PKK) va réagir à ce processus", a-t-il dit.

M. Akdogan, qui est aussi député du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir, s'est voulu "réaliste" et a estimé que l'arrêt des combats entre les forces turques et les rebelles n'était pas pour demain.

"Il ne faut pas donner de faux espoirs au peuple. Soyons réalistes. A court terme, cela ne paraît pas faisable", a-t-il souligné.

Il a cependant insisté sur le fait que l'usage de la force "ne suffit pas pour en finir avec le PKK", qui a engagé une lutte armée contre les forces d'Ankara il y a près de 30 ans.

Selon le quotidien Hürriyet, des responsables du MIT, l'Agence nationale du renseignement, se sont entretenus pendant quatre heures le 23 décembre avec Öcalan, qui purge une peine de prison à vie depuis 1999 sur l'île-prison d'Imrali, dans le nord-ouest de la Turquie.

Les parties à la négociation espèrent mettre à profit la trêve de fait imposée par l'hiver pour parvenir à un accord débouchant sur un désarmement des rebelles du PKK au printemps, indique Hürriyet.

Sont notamment en discussion le sort des cadres du PKK, qui seraient accueillis par un ou des pays tiers, la Turquie recommandant que cet exil n'ait pas lieu dans un pays limitrophe de son territoire, comme l'Irak ou les rebelles disposent de camps, ou en Europe, souligne le journal.

Öcalan réclame de son côté une amélioration de ses conditions de détention, un contact direct avec son organisation et des gestes en faveur de la minorité kurde pour la convaincre du bien-fondé de ce désarmement, ajoute le quotidien.

M. Erdogan a mentionné vendredi dans une interview télévisée la poursuite d'entretiens avec Öcalan, sans en préciser la nature.

"Les rencontres sur l'île se poursuivent parce que nous devons obtenir un résultat. Tant qu'il y a une lueur (d'espoir) nous poursuivons ce processus", a-t-il déclaré.

Le conflit kurde en Turquie a fait, selon l'armée, plus de 45.000 morts. Les rebelles ont d'abord revendiqué l'indépendance du Sud-Est anatolien, peuplé en majorité de Kurdes, avant d'évoluer vers une demande d'autonomie régionale.

En parallèle au dialogue amorcé avec Öcalan, l'armée turque continue de combattre les rebelles, a précisé M. Akdogan, qui a fait état de 10 rebelles abattus lundi à Lice, dans le Sud-Est anatolien.

Une précédente tentative de négociation avec le PKK en 2009 avait échoué.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.