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Turquie : ouverture du procès d'un chroniqueur TV pour "propagande terroriste"


Mercredi 4 octobre 2023 à 14h00

Istanbul, 4 oct 2023 (AFP) — Le procès d'un chroniqueur d'une chaîne de télévision privée turque détenu depuis juin et accusé de "propagande terroriste" pour ses commentaires sur le leader kurde emprisonné Abdullah Öcalan s'est ouvert mercredi à Istanbul.

Chroniqueur et rédacteur en chef de la chaîne d'opposition Tele l, Merdan Yanardag a été arrêté le 27 juin, accusé d'avoir tenu à l'antenne des propos assimilables à de la "propagande terroriste" et d'avoir fait "l'apologie de criminels".

"Je n'ai jamais fait l'éloge ou la propagande d'une organisation terroriste. La seule chose que j'ai faite pendant cette émission de 50 minutes a été de critiquer les politiques de l'AKP", le Parti de la justice et du développement, au pouvoir, a affirmé le journaliste pendant l'audience, selon les propos rapportés par la plateforme de défense de la liberté d'expression P24.

Des défenseurs des droits de l'homme ont appelé la justice turque à mettre fin à sa détention devenue, selon eux, "une attaque contre tous les journalistes critiques".

"C'est une honte pour le pouvoir et notre pays de maintenir un journaliste en détention depuis des mois seulement pour avoir exprimé ses opinions", a affirmé avant l'audience à la presse le président de l'Association des journalistes Nazmi Bilgin.

Pendant l'émission qui lui a valu son arrestation, M. Yanardag s'était demandé pourquoi Abdullah Öcalan - une figure de la rébellion kurde en Turquie - était depuis 1999 à l'isolement dans une prison d'une île de la mer de Marmara.

"L'isolement qu'il subit n'a aucune place dans la loi. Il doit être levé", avait-il dit.

Il avait été arrêté quelques heures à peine après avoir tenu ces propos et inculpé dès le lendemain.

Merdan Yanardag avait aussi critiqué la proposition d'un député AKP de relancer un processus de paix qui s'était déroulé en 2013-2015 avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste par Ankara et l'Union européenne.

"Vous le gardez en otage et vous négociez avec lui", avait-il lancé.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.