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Turquie: opération armée en Irak plus proche après l'échec des discussions


Samedi 27 octobre 2007 à 11h46

ANKARA, 27 oct 2007 (AFP) — La probabilité d'une intervention armée turque dans le nord de l'Irak contre les rebelles kurdes paraissait avoir sensiblement augmenté samedi au lendemain de l'échec de négociations avec une délégation irakienne à Ankara.

"Une opération transfrontalière est à la porte", titrait le quotidien pro-gouvernemental Zaman tandis que le journal populaire Vatan voyait dans la journée de vendredi "un point de rupture", ajoutant que "l'armée attend l'ordre de frapper".

La délégation irakienne qui a discuté pendant plus de six heures vendredi avec des responsables turcs devait quitter Ankara vers 10H00 GMT et aucune discussion supplémentaire n'était prévue, selon une source diplomatique irakienne.

Ankara a rejeté vendredi soir comme insuffisantes et trop lentes à mettre en oeuvre les propositions des Irakiens visant à empêcher les infiltrations meurtrières en Turquie de combattants rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

La Turquie veut des "mesures urgentes et décisives", a souligné le ministère des Affaires étrangères en réponse aux propositions.

Bagdad a notamment proposé de faire surveiller les frontières du Kurdistan irakien par les forces de la coalition et de "renforcer" les postes-frontières du nord de l'Irak avec la fourniture d'armes et d'équipements.

Vendredi, le général américain Benjamin Mixon, qui commande la division multinationale nord, avait déclaré que ses forces ne comptaient "absolument rien" faire contre les rebelles du PKK, soulignant que les trois provinces situées dans le nord de l'Irak étaient sous le contrôle du gouvernement provincial kurde.

Le quotidien à grand tirage Hürriyet a tourné en dérision des propositions "ridicules", accusant les responsables irakiens de s'être livrés à des "pitreries" face à des demandes auxquelles ils n'ont apporté aucune réponse.

Une allusion au fait que Bagdad aurait proposé, selon la presse, d'obtenir la libération de huit militaires turcs capturés dimanche dernier s'ils se trouvaient sur le sol irakien, en réponse à la demande d'extradition d'Ankara de plus de 100 rebelles du PKK. En outre, le PKK a affirmé cette semaine que les huit soldats se trouvaient sur le territoire turc.

Ankara, qui redoute une intervention armée dont le succès n'est pas garantie "est comme un funambule sur son fil", souligne un diplomate occidental.

A chaque nouvel incident avec les rebelles kurdes, "l'exercice devient de plus en plus périlleux" mais il existe encore "deux fusibles" pour éviter une intervention, estime ce diplomate.

La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, doit faire un crochet par Ankara avant d'assister à une conférence internationale des voisins de l'Irak à Istanbul les 2 et 3 novembre.

Encore plus important, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan doit se rendre à Washington le 5 novembre pour des entretiens à la Maison Blanche, ses premiers depuis le triomphe du Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, aux législatives de juillet.

M. Erdogan a laissé entendre vendredi soir qu'une intervention armée avait peu de chances de se concrétiser avant sa rencontre avec George W. Bush.

Il a affirmé qu'une action militaire s'inscrivait dans un "processus" qui inclut sa rencontre avec le président américain George W. Bush.

"Je ne sais pas ce qui peut se passer jusqu'à mon voyage en Amérique", a-t-il cependant ajouté car "nous sommes en ce moment dans un état d'alerte permanent".

"Nous devons attendre Bush", résumait samedi le quotidien libéral Radikal.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.