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Turquie : offre américaine de récompenses pour trois responsables du PKK


Mardi 6 novembre 2018 à 21h46

Ankara, 6 nov 2018 (AFP) — Les Etats-Unis ont décidé d'offrir plusieurs millions de dollars pour obtenir des informations sur les allées et venues de trois dirigeants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a annoncé un haut responsable américain mardi, à l'issue d'une visite à Ankara.

Ces récompenses, pouvant aller jusqu'à 5 millions de dollars (4,4 millions d'euros) pourraient réjouir Ankara, qui demande depuis longtemps à ses alliés occidentaux d'adopter une ligne plus dure contre le PKK, interdit en tant que groupe terroriste par la Turquie mais aussi par les USA et l'UE.

Matthew Palmer, sous-secrétaire d'Etat adjoint américain, a indiqué que ces récompenses avaient été autorisées pour "informations conduisant à l'identification ou la localisation" de Murat Karayilan, Cemil Bayik et Duran Kalkan.

Les informations concernant Karayilan pourraient rapporter jusqu'à 5 millions de dollars, celles pour Bayik 4 millions de dollars, et sur Kalkan 3 millions de dollars, a-t-il ajouté.

Les USA qualifient le PKK de groupe terroriste depuis 1997, mais la Turquie s'est montrée très mécontente de leur coopération récemment en Syrie avec les Unités de protection du peuple (YPG), qu'Ankara considère comme une branche du PKK.

Les relations bilatérales ont aussi grandement souffert de la détention pendant plus de deux ans en Turquie du pasteur américain Andrew Brunson. Mais celui-ci a été libéré en octobre et les deux parties semblent désireuses d'améliorer les relations entre ces deux pays alliés dans l'Otan.

"Les Etats-Unis apprécient leur coopération antiterroriste avec notre allié de l'Otan, la Turquie", a dit M. Palmer. Il a précisé que les récompenses en question avaient été décidées dans le cadre du programme "Récompenses pour la justice" du Département d'Etat.

Ce Programme a diffusé sur son compte Twitter officiel des photos des trois hommes, sous la rubrique "Récompense pour information". "Paiement possible. Confidentialité garantie à 100%", est-il précisé.

Le porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan, Ibrahim Kalin, a déclaré que son pays accueillait ces annonces "avec prudence", et qualifié cette décision de "tardive".

"Ils ne peuvent pas nous tromper en disant que les YPG sont différents du PKK", a-t-il déclaré à la télévision HaberTurk.

Après deux opérations militaires couronnées de succès en Syrie, la Turquie a maintenant des visées sur la région de Manbij, près de l'Euphrate. Celle-ci est contrôlée par les YPG, et des soldats américains y sont présents.

Karayilan et Bayik sont considérés comme les leaders de fait du PKK sur le terrain, après la capture par la Turquie en 1999 du fondateur du mouvement, Abdullah Ocalan. Celui-ci purge une peine de prison à vie dans une île proche d'Istanbul.

Selon des spécialistes, Karayilan et Bayik pourraient se trouver aujourd'hui dans des montagnes du nord de l'Irak, où le PKK dispose de bases arrière. D'autres pensent possible qu'ils passent parfois aussi en Iran.

Le PKK a livré depuis près de 35 ans une lutte armée pour réclamer l'indépendance - et plus récemment l'autonomie - de la minorité kurde de Turquie.

Ce conflit s'est soldé par des dizaines de milliers de morts, et a repris en 2015, lorsque le PKK a mis fin à un cessez-le-feu.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.