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Turquie: Manifestation pour les rebelles revenus d'Irak, Ankara critiqué


Mercredi 21 octobre 2009 à 18h45

DIYARBAKIR, 21 oct 2009 (AFP) — Environ 100.000 personnes ont accueilli en héros à Diyarbakir (sud-est de la Turquie) les rebelles kurdes revenus d'Irak dans un geste de soutien à une résolution du conflit kurde, tandis que le gouvernement d'Ankara était sous le feu des critiques pour sa gestion de cette affaire.

Sous un feu d'artifice, les huit militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit) qui sont arrivés lundi en territoire turc de leur base dans la montagne irakienne, ont salué la foule dans la principale ville du sud-est, peuplé majoritairement de Kurdes, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les manifestants brandissaient les enseignes du PKK et des posters de son chef emprisonné à vie en Turquie, Abdullah Öcalan. "Vive la paix", chantaient-ils, dansant aux mélodies des chansons folkloriques.

"Combattants du peuple libre, bienvenue dans votre capitale", pouvait-on lire sur une banderole.

Mehmet Serif Gençdag, l'un des rebelles rentrés d'Irak, en uniforme gris-vert et pantalon bouffant, est intervenu devant la foule, indiquant qu'ils n'étaient pas revenus pour demander pardon. Il a affirmé que leur retour avait été planifié par Öcalan, exhortant le gouvernement à "bien saisir" leur geste de paix.

D'autres groupes, notamment d'Europe, sont attendus en Turquie dans les prochains jours, selon les autorités turques.

A Ankara, le gouvernement turc a fait l'objet mercredi de vives critiques de l'opposition et des milieux nationalistes après la décision prise la veille de maintenir en liberté un groupe de rebelles kurdes .

Le principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP) s'est indigné de "l'amnistie de fait" offerte selon lui aux huit rebelles.

"Les politiciens qui ont préparé le terrain à cette initiative commettent une trahison (...) La nation les en tiendra pour responsables", a pour sa part déclaré Hamit Köse, président d'une association de familles de soldats tués par le PKK.

Les huit rebelles, ainsi que 26 "civils" venant d'un camp de réfugiés kurdes de Turquie dans le nord de l'Irak, ont été libérés mardi, une décision judiciaire d'une mansuétude inhabituelle en Turquie, où la simple expression de sympathies pour le PKK peut conduire en prison.

Le PKK a dépêché en Turquie ces "groupes de paix", à l'appel d'Ocalan, pour marquer son soutien aux efforts du gouvernement, qui s'apprête à présenter au Parlement des réformes améliorant les droits des Kurdes et visant à résoudre le conflit kurde, qui a fait quelque 45.000 morts depuis son commencement en 1984.

Balayant les critiques, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan s'est réjoui de l'arrivée des rebelles et a dit espérer que "beaucoup plus vont venir". "Nous allons insister sur ce processus (...) et j'ai l'espoir que nous allons le mener à son terme", a-t-il déclaré, cité par l'agence de presse Anatolie.

"Nous avons fait ce que nous avions à faire", a pour sa part affirmé Murat Karayilan, le chef militaire du PKK, cité par l'agence Firat News. "Nous allons voir à présent ce que va faire le gouvernement (...) Avant tout, les opérations (militaires) doivent cesser et un dialogue doit commencer."

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.