Vendredi 13 juillet 2012 à 16h22
ISTANBUL, 13 juil 2012 (AFP) — Un tribunal de la banlieue d'Istanbul a ordonné vendredi la libération d'une universitaire turque renommée, en détention provisoire depuis huit mois et jugée pour appartenance à la branche urbaine de l'organisation rebelle kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le tribunal de Silivri a ordonné la libération de Busra Ersanli, politologue à l'université stambouliote de Marmara, et de 15 autres prévenus, dans l'attente du verdict de ce procès, a rapporté l'agence de presse Anatolie.
La cour a indiqué avoir pris cette décision au vu des preuves à sa disposition et du temps déjà passé par les prévenus en détention provisoire, selon la chaîne de télévision NTV.
Le procès a débuté le 2 juillet. Il concerne 205 prévenus, dont 140 étaient à ce jour en détention provisoire, accusés d'avoir des liens avec l'Union des communautés kurdes (KCK), une organisation clandestine considérée par les autorités turques comme étant la branche urbaine du PKK.
L'acte d'accusation réclame 15 ans de prison contre Mme Ersanli, en tant que "responsable d'une organisation terroriste".
Selon les autorités, le KCK souhaite se substituer à l'Etat turc dans les collectivités locales des provinces peuplées en majorité de Kurdes du sud-est anatolien en créant une structure administrative parallèle aux institutions officielles.
Le procès d'Istanbul s'inscrit dans le cadre d'une vaste opération de démantèlement du KCK, qui a conduit à l'arrestation de plusieurs centaines d'opposants kurdes - des milliers selon des sources kurdes.
Cette vaste opération judiciaire a été dénoncée par de nombreuses organisation de droits de l'Homme comme une chasse aux sorcières visant les opposants kurdes. Ces organisations se sont notamment indignées de la situation de M. Ersanli.
Mme Ersanli, dont certains travaux interrogent l'identité nationale et le nationalisme en Turquie, s'est engagée en 2009 au sein du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), la principale formation politique kurde en Turquie.
Avec le BDP, elle a participé à une commission chargée de réfléchir à la préparation d'une nouvelle Constitution. De nombreux élus du BDP figurent parmi les prévenus des procès du KCK.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.