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Turquie: levée partielle du couvre-feu dans le bastion kurde de Cizre


Mardi 1 mars 2016 à 18h31

Diyarbakir (Turquie), 1 mars 2016 (AFP) — Les autorités turques ont annoncé la levée partielle à compter de mercredi du strict couvre-feu imposé depuis deux mois et demi dans la ville de Cizre (sud-est) en raison de violents combats entre les forces de sécurité et les rebelles kurdes.

"Le couvre-feu sera levé chaque jour à partir de 5h00 du matin (3h00 GMT) jusqu'à 19h30 (17h30 GMT) et restera en vigueur de 19h30 jusqu'à 5h00", a annoncé le gouvernorat de la province de Sirnak (sud-est) dans un communiqué.

L'armée et la police turques ont bouclé le 14 décembre dernier tous les accès de Cizre, une ville de 120.000 habitants proche des frontières syrienne et irakienne, pour en déloger des partisans du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit) qui y avaient érigé barricades et tranchées et défié l'Etat turc en décrétant "l'autonomie".

De très violents combats à l'arme lourde s'y sont déroulés depuis le début de cette offensive, causant de nombreuses victimes dans les deux camps.

Dans son dernier bilan de la situation publié le 26 février, l'état-major de l'armée turque a chiffré à 666 le nombre de "terroristes neutralisés" à Cizre. Des dizaines de soldats et policiers y ont également été tués.

La Fondation turque des droits de l'Homme (TIHV) a de son côté affirmé la semaine dernière qu'au moins 178 civils avaient été tués lors de ces combats.

Le chef du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), Selahattin Demirtas, a accusé le gouvernement islamo-conservateur turc d'avoir commis un "massacre" à Cizre, ce qui a été catégoriquement démenti par les autorités.

Le ministre turc de l'Intérieur Efkan Ala avait annoncé le 11 février dernier le "succès" des opérations militaires engagées à Cizre, devenue un symbole de la reprise du conflit l'été dernier entre le régime et le PKK dans le sud-est à majorité kurde du pays.

L'armée et les forces spéciales de la police ont mené des opérations similaires à Silopi, près de Cizre, et dans le district historique de Sur à Diyarbakir.

Mardi, le gouverneur de la province de Diyarbakir Hüseyin Aksoy a assuré que "98%" des six quartiers de Sur encore sous couvre-feu avaient été "nettoyés".

De leur côté, les deux chefs du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag ont exigé la levée immédiate des mesures en vigueur à Sur "pour éviter une catastrophe similaire au massacre de Cizre". Le HDP a appelé à une marche sur le district mercredi après-midi.

"L'Etat fait ce qui est nécessaire pour restaurer l'ordre public", a pour sa part justifié le vice-Premier ministre Yalçin Akdogan dans un entretien à l'AFP. Ces opérations sont exécutées "dans le cadre de la loi et avec une sensibilité maximale pour éviter de mettre en danger la population", a-t-il ajouté.

La reprise des combats a fait voler en éclats les pourparlers de paix engagés par le gouvernement de l'actuel président Recep Tayyip Erdogan et les rebelles kurdes à l'automne 2012. Ce conflit a déjà fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.